Keur Massar : Les limites d’un projet de départementalisation

L’érection de Keur Massar en département. C’est l’idée avancée par le Président Macky Sall pour venir à bout du fléau des inondations qui frappe cette agglomération. Même s’il s’agit d’une doléance agitée par les populations, il n’en demeure pas moins que ces dernières sont conscientes du fait que, devant l’urgence, la départementalisation de Keur Massar constitue une fausse vraie solution.

Un expert en développement territorial ne dit pas le contraire. En trois points, il décrypte la situation de cette commune qui connaît une croissance démographique et territoriale sans commune mesure.

L’érection d’un département : la procédure à observer

« La départementalisation doit être un souhait des populations de Keur Massar. Si tel est le cas, il faut nécessairement faire une étude d’opportunité pour voir si les critères mis en place pour ériger une localité en département sont bien respectés.

Une commission peut être dépêchée par le Ministre des Collectivités territoriales, sur instruction du Chef de l’Etat. Le résultat du travail de la commission doit être un rapport motivé avec des arguments techniques irréfutables.

Ensuite, le Ministre des Collectivités territoriales prépare un projet de décret avec un rapport de présentation qui explique le bien-fondé de la requête. Ce projet de décret est validé en Conseil des ministres et soumis à l’Assemblée nationale pour adoption.

Dans tous les cas, la mise en place d’un département dans le cadre de la mise en œuvre de l’Acte 3 est bien encadrée. Car, selon les dispositions du Code général des collectivités territoriales, en son article 21, la création et l’organisation du département ne peuvent porter atteinte ni à l’unité nationale ni à l’intégrité du territoire.

De même, les fusions ou les biens rattachés à un département sont scrupuleusement régis par les textes réglementaires ».

Départementalisation de Keur Massar : exit les grands pôles de développement

« Ce n’est ni le moment encore moins, le contexte. Le fait d’ériger Keur Massar ne fait qu’aiguiser des appétits politiciens. Pikine et Guédiawaye qui sont des départements ne sont pas mieux lotis. Leurs équipements socio-collectifs et infrastructures marchandes ne datent pas de la réforme de l’Acte 3 de la décentralisation.

Aujourd’hui, il est question de viabilité territoriale ou de recomposition territoriale autour de grands pôles de développement. Dans la Plan national d’aménagement et de développement territorial (PNADAT) validé par le Chef de l’Etat, il est question de métropole, de métropole d’équilibre et de métropole secondaire. Ces concepts sont très représentatifs en matière de développement des grappes d’infrastructures.

Or, ces métropoles ne s’accommodent guère avec le saucissonnage du territoire en portion inopportune de terroir. Assurément, Keur Massar a besoin simplement d’un tissu dense d’infrastructures économiques pour porter la croissance et l’augmentation des revenus des populations.

Pour ce faire, il s’agit de mettre en place des programmes dédiés qui s’occupent de ces questions et d’en assurer un suivi permanent. Nous avons là un exemple type d’incohérence territoriale qui va susciter un mimétisme sans précédent dans les autres localités du Pays ».

Rewmi

Oumou Khaïry NDIAYE
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