Des commerçants établis à Kaffrine (centre) disent avoir constaté un ralentissement de leurs affaires depuis l’annonce des mesures prises pour éradiquer la maladie à coronavirus, dont l’interdiction des marchés hebdomadaires.
Ces vendeurs installés sur les abords de la route nationale 1 affirment avoir constaté la rareté des clients et des voyageurs qui traversent la région de Kaffrine pour aller vers d’autres régions du pays ou des pays voisins, dont le Mali.
Ville carrefour, Kaffrine est un passage obligé pour les voyageurs qui se rendent à Touba, Kaolack, Tambacounda, Koungheul, Diaobé, Kédougou, Kolda, et même d’autres pays.
D’habitude, les conducteurs de camions, de bus et de cars y font une halte, souvent à la demande des passagers pressés de se reposer avant de poursuivre la route.
Vendeurs d’eau, de thé, de café-Touba, de viande grillés y voient l’opportunité de faire de bonnes affaires et ont vite fait de s’installer sur la route nationale 1.
Bureaux de transfert d’argent et restaurants n’ont pas voulu être en reste, tout comme les conducteurs de motos-taxis ‘’Jakarta’’.
Mais leurs affaires semblent de moins en moins intéressantes pour eux depuis que l’Etat a décidé de fermer les marchés hebdomadaires pour éradiquer la maladie à coronavirus. De nombreux vendeurs affirment que leurs revenus ont considérablement baissé. Selon eux, les voyageurs viennent de moins en moins, et les rares clients qui arrivent ne mettent plus la main à la poche.
‘’Le coronavirus a fait des effets néfastes. Depuis la fermeture du marché de Diaobé par exemple, je ne fais plus de bénéfice. Ces voyageurs qui fourmillaient sur les abords de la route nationale ne viennent plus acheter’’, regrette Mariama Bâ, une restauratrice.
‘’Avant l’apparition de cette maladie, je gagnais au moins 50.000 francs CFA, et aujourd’hui, je n’ai même pas vendu 15.000. C’est vraiment difficile’’, ajoute-t-elle, priant pour l’éradication de la maladie à coronavirus au Sénégal et partout dans le monde.
Modou Cissé, qui propose de la viande vendue dans un chariot mobile, voit rouge lui aussi. ‘’D’habitude, dès 21 heures, j’écoulais mon bol de viande. Mais depuis l’annonce de cette maladie, pour espérer écouler cette viande tant prisée par les voyageurs en escale, je suis obligé de rester jusqu’au-delà de quatre heures du matin. Et parfois je ne vends même pas la moitié de mon bol. Nous prions pour l’éradication de cette maladie le plus rapidement possible’’, déclare-t-il.
Cissé, âgé de 53 ans, dit qu’il lui arrivait de faire un bénéfice de 6.000 francs CFA par jour. Et aujourd’hui, il ne rentre qu’avec 550 francs.
‘’Je crois que les voyageurs ont peur d’acheter. Ils descendent, sans ne rien acheter. Je ne peux plus vendre une chèvre. Nous avons vraiment senti les conséquences néfastes de cette maladie’’, déplore-t-il, priant pour son élimination.
‘’Maintenant, je ne gagne même pas avec 1.000 francs CFA. Auparavant, j’avais un bénéfice quotidien de 3.000 francs. C’est très difficile. On ne sait plus à quel saint se vouer. La fermeture des marchés hebdomadaires, celui de Diaobé surtout, a négativement impacté nos économies. Que Dieu nous éloigne de cette maladie le plus rapidement possible’’, commente Mamy Kébé, une vendeuse de thé.
Astou Ségnane, une restauratrice, évoque elle aussi une chute de son chiffre d’affaires depuis la fermeture des marchés hebdomadaires.
‘’C’est une activité très rentable, que je pratique. Mais depuis l’annonce du coronavirus, tout est à l’arrêt. Je ne vends presque rien. On ne voit plus la clientèle. Parfois, les clients ne descendent même pas du véhicule. Je rentre à minuit, mais presque bredouille, depuis deux jours’’, se désole-t-elle.
‘’C’est difficile, très difficile. Le coronavirus est en train de nous massacrer économiquement. Les gens, particulièrement les voyageurs, n’achètent plus rien’’, lance Fatou Faye, une gargotière de 62 ans.
Reportage de l’APS