Voies de fait, violation de domicile et abus d’autorité et complicité. Ce sont les faits reprochés au maire de Dakar, Khalifa Sall, au directeur de la police municipale Birahim Fall et à l’agent municipal Pape Samb.
Ils sont traînés en justice par l’homme d’affaires Cheikh Tall Dioum, à cause d’un différend portant sur le site de l’ex-cinéma El Mansour sis à Grand-Dakar. La partie civile déclare l’avoir acheté en octobre 2010 auprès de la Sidec pour y ériger un centre commercial.
Seulement, il se trouve que le site avait été déjà acheté par la ville de Dakar en 1996, sous le règne de Mamadou Diop. C’est pourquoi l’équipe municipale de la capitale avait non seulement empêché le déguerpissement des commerçants qui occupaient les lieux, mais avait mis fin aux travaux entamés.
Ce que dénonce Cheikh Tall Dioum qui accuse Khalifa Sall d’avoir donné des instructions qui ont fait foirer son projet de 3 milliards de F CFA.
‘’J’ai donné des instructions pour détruire des travaux non autorisés’’, s’est défendu hier l’édile de la capitale, à la barre du tribunal correctionnel de Dakar. En plus de l’absence d’autorisation de construire, Khalifa Sall a évoqué le défaut de titre de propriété. Selon ses explications, le site appartient à la ville de Dakar.
Toutefois, il reconnaît que la transaction n’est pas parfaite, puisque ses prédécesseurs, Mamadou Diop et Pape Diop, n’ont pas procédé à la mutation pour y mettre le nom de la commune.
Il a ajouté que lorsque Cheikh Tall Diom s’est présenté à lui, il lui a fait comprendre que le site appartenait à la mairie. Il l’a ensuite mis en rapport avec le comité de conciliation pour la mise en place d’un partenariat public-privé car la mairie veut faire du site un centre cinématographique, étant donné que c’est le seul cinéma qui reste à Dakar.
A peine a-t-il terminé sa déposition que Cheikh Tall Dioum a pris son contre-pied.
A l’en croire, il n’y a jamais eu de négociations. Mais il a rencontré de son propre chef le maire, car il s’est senti diffamé par celui-ci qui a déclaré qu’il ne laisserait personne spolier le patrimoine foncier de Dakar.
Selon ses dires, lorsqu’il a présenté son titre foncier et le projet, le maire a voulu lui imposer un partenariat, alors que lui veut un centre commercial. Devant son refus, le maire a instruit ses agents de tout détruire. ‘’Ils ont tout cassé et tout emporté’’, a lancé la partie civile, tout en précisant que la vente a été parfaite, en 2010.
Il a ajouté avoir bel et bien introduit une demande d’autorisation de construire auprès du maire de Grand-Dakar, Jean Baptiste Diouf. ‘’Après avoir attendu un certain délai, mon avocat m’a dit que je pouvais construire’’, s’est-il justifié. C’est pourquoi Me Baboucar Cissé estime que le maire a eu tort de s’opposer au projet de son client qui, dit-il, est le véritable propriétaire du site. Pour la réparation, il réclame la somme de 5 milliards de F CFA.
Cette demande a courroucé davantage les conseils du maire qui jugent la citation nulle dans sa forme.
Pour Me Khassimou Touré, la procédure est purement vexatoire et vise uniquement à ternir l’image de Khalifa Sall et qu’aucune des infractions n’est établie.
‘’C’est une vente par fraude et c’est le voleur qui crie au voleur’’, a déclaré Me Touré. Mes Bruce Sylva et Demba Ciré Bathily ont abondé dans le sens, en soutenant que Khalifa Sall a agi conformément à ses prérogatives de maire.
Pour Mes Aïssata Tall et Borso Pouye, Cheikh Tall Dioum veut battre monnaie. Compte tenu de tous ces arguments, la défense réclame elle aussi des dommages et intérêts estimés à 5 milliards. Le parquet a demandé l’application de la loi.
Le tribunal rend son délibéré le 21 juillet prochain.
Source ‘’Enquêteplus’’