De nouveaux développements concernant le tristement célèbre Qatargate – le plus grand scandale de corruption de l’UE – ont surgi à gauche, à droite et au centre l’année dernière. Le scandale a ébranlé le paysage politique européen et a considérablement entamé la transparence sur tout le continent. Et cette semaine, les chroniques du Qatargate continuent…
Une ancienne députée européenne inculpée et arrêtée pour des soupçons de corruption liés au Qatargate, Eva Kaili, lance désormais une action en justice contre les autorités belges, affirmant qu’elles ont obtenu illégalement des informations au cours de leurs enquêtes.
Compte tenu de la décision du tribunal belge de mardi , il semble que l’enquête pour corruption soit en train de s’effondrer – du moins pour le moment. L’enquête a été repoussée au printemps 2024, le tribunal ayant ordonné une enquête sur la manière dont les preuves ont été recueillies et sur la question de savoir si les autorités ont violé l’immunité parlementaire des trois législateurs européens inculpés.
Le Qatargate a profondément ébranlé l’UE et il est clair que le Parlement européen doit mettre en œuvre des changements systémiques pour éviter qu’une telle situation ne se reproduise
Et c’est exactement ce qu’ils font – du moins semble-t-il. Le procès a lieu à la suite des récentes réformes du régime éthique de l’UE. La semaine dernière, le Parlement européen a introduit de nouvelles règles juridiquement contraignantes – les premières du genre depuis le Qatargate – qui impliquent directement les députés européens pour garantir la transparence et décourager les activités illicites. Ces réformes constituent une réponse directe au scandale et constituent une opportunité pour l’UE de réparer les torts causés par le Qatargate. Et même s’il y a quelques nouveaux ajouts, comme l’introduction de déclarations de patrimoine pour les députés européens, plusieurs des règles préexistantes, déjà insuffisantes, ont été supprimées par les députés eux-mêmes.
Beaucoup considèrent cela comme un pas dans la bonne direction, mais nous ne sommes pas d’accord. Lorsque la nouvelle du Qatargate a éclaté, Transparency International EU a appelé à une réforme structurelle des systèmes d’éthique et d’intégrité de l’UE, car l’ organisme d’éthique existant manque de contrôle externe indépendant et n’a pas le pouvoir d’enquêter ou de sanctionner. Et malheureusement, peu de choses ont changé.
Même si nous saluons la nouvelle obligation pour les députés de soumettre des déclarations de patrimoine et des mesures plus strictes en matière de transparence du lobbying, il reste encore beaucoup à faire pour s’attaquer aux problèmes structurels qui ont conduit la corruption à s’infiltrer dans les institutions européennes. Les députés européens continuent d’occuper des emplois secondaires lucratifs, ce qui démontre des risques évidents de conflit d’intérêts. Cela pose de sérieux problèmes, étant donné qu’une activité parallèle sur huit concerne des organisations qui ont un intérêt actif à influencer la politique de l’UE. Ce qu’il faut maintenant, c’est une surveillance accrue des conflits d’intérêts potentiels et la mise en place d’un système de sanctions approprié en cas de mauvaise conduite.
Mais la nouvelle la plus choquante est que certains changements édulcorent les règles de transparence existantes, en particulier celles qui affectent la divulgation des intérêts financiers des députés européens. Cet amendement oblige uniquement les députés à déclarer un emploi secondaire si leur revenu brut dépasse le seuil minimum de 5 000 € (environ 5 320 $ US) brut par an. Il s’agit d’un recul par rapport aux règles précédentes, qui obligeaient les députés à déclarer tout emploi secondaire, quel que soit leur revenu. Et ces déclarations sont déjà inadéquates et omettent des informations cruciales, sans parler du grave manque de surveillance et d’application.
Dans l’ensemble, ces mesures démontrent la réticence des députés européens à entreprendre des réformes fondamentales pour empêcher que des scandales comme le Qatargate ne se reproduisent. Cette réalité affaiblit non seulement la confiance du public dans ses représentants, mais ternit également la réputation du Parlement européen dans son ensemble.
Il est clair qu’il ne s’agit pas seulement de trouver des pommes pourries dans le lot : le système tout entier nécessite une refonte structurelle pour garantir que les politiques et les pratiques soient ancrées dans la transparence et la responsabilité, afin de prévenir la corruption en premier lieu. Fini les paroles en l’air ; il est temps d’agir. Et il n’est jamais trop tard.
Transparency Internationale