Informations hebdomadaires de Transparency International : Serait-ce la fin des sociétés écrans anonymes ?

Au moment où nous écrivons ces lignes, des avions transportant les dirigeants des pays les plus riches du monde atterrissent à Rome pour le sommet du G20 ce week-end – même si les plans nécessaires pour s’attaquer aux plus grands problèmes de notre époque sont toujours en suspens.

Entre autres choses, les dirigeants du G20 devraient débattre de mesures collectives pour la reprise économique après la pandémie de COVID-19. Un bon début serait d’intensifier la lutte contre les flux financiers illicites, qui drainent les pays à revenu faible et intermédiaire de ressources indispensables.

À cette fin, les chefs d’État du G20 devraient tenir compte de l’engagement de leurs ministres des Finances à mettre fin à l’abus du secret des entreprises.

Bien que nous ayons déjà entendu les promesses des dirigeants du G20 de faire progresser la transparence de la propriété effective, il s’agit de la première reconnaissance publique que les recommandations du Groupe d’action financière (GAFI) doivent être renforcées.

Nous confirmons notre soutien au renforcement des recommandations du GAFI pour améliorer la transparence de la propriété effective et appelons les pays à lutter contre le blanchiment d’argent provenant de la criminalité environnementale, notamment en agissant sur les conclusions du rapport du GAFI.

Ministres des Finances du G20, 13 octobre 2021

Cette approbation arrive à point nommé car la semaine dernière, à l’issue d’une délibération de trois jours, le GAFI a accepté de proposer des modifications indispensables à la norme mondiale sur la transparence des bénéficiaires effectifs.

Selon notre avis d’expert, ces propositions nous rapprochent d’un grand pas pratique pour freiner l’abus des sociétés écrans anonymes.

Transparency International a d’abord appelé à la révision de la norme mondiale en 2019, après avoir conclu qu’elle n’était pas adaptée à son objectif. Nous avons plaidé en faveur d’une nouvelle exigence susceptible d’avoir le plus grand impact : des registres centralisés des véritables propriétaires des entreprises.

Nos appels ont rencontré une opposition. Tout d’abord, nous avons entendu dire que la norme n’avait pas besoin d’être révisée et que le problème résidait dans sa mise en œuvre. Ensuite – même après que le GAFI soit devenu convaincu que la flexibilité offerte par la norme était effectivement un problème – ce sont des membres individuels du GAFI qui ont bloqué la réforme, y compris certains pays du G20.

Ainsi, lorsque les Pandora Papers ont révélé ce mois-ci que les élites politiques du monde entier bénéficiaient elles-mêmes du statu quo, nous avons soutenu qu’il ne pouvait plus y avoir d’excuses. Les révélations de Pandora Papers nous ont aidés à illustrer une fois de plus pourquoi nous avons besoin d’un nouveau standard meilleur.

Les prochains mois seront critiques. Il existe un risque que certains gouvernements et groupes d’entreprises essaient de diluer les changements proposés avant de pouvoir les verrouiller.

Il nous a fallu deux ans de campagne et de conviction – en nous appuyant sur des années de travail antérieur – pour en arriver à ce moment, et nous n’abandonnons certainement pas maintenant.

Les corrompus et les criminels ne devraient pas pouvoir se cacher derrière des entreprises anonymes dans un seul pays, et nous continuerons à marteler ce message jusqu’à ce que cette réforme franchisse la ligne d’arrivée.

Pape Ismaïla CAMARA
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