Hommage à Jacob Desvarieux : Adieu au monument et mythe incontesté et incontestable du zouk

Hommage à Jacob Devarieux : Adieu au monument et mythe incontesté et incontestable du zouk qui a fait retrouver à beaucoup la force de leur identité! (Par Aly Saleh)

 

C’est finalement le Jeudi 5 Août 2021 qu’a eu lieu l’inhumation de Jacob Devarieux,  décédé le 30 juillet 2021 à l’âge de 65 ans de la Covid 19.

Les obsèques

se sont en effet déroulées en Guadeloupe et le moins que l’on puisse dire c’est que l’émotion était au rendez-vous  tout au long de la cérémonie religieuse surtout avec les hommages qui se sont succédé.

 

Je ne sais pas si les uns et les autres s’en rendent compte mais Jacob Devarieux est l’un de ceux qui ont inventé une musique non seulement, mais codifié également cette musique appelée « zouk » qui est l’affirmation très claire d’une identité afro caribéenne de la Guadeloupe,  antillaise qui, il faut le dire, est également une identité africaine.

Car n’oublions pas qu’avec Kassav qui est écouté aux 4 coins du monde, c’était aussi des artistes africains comme M’Bida Douglas le camerounais. Pour être précis, Kassav était l’un des rares groupes français à être connus à l’international. C’est un groupe qui a joué en Afrique, en Russie, aux Etats Unis, en Australie, en Islande… Personne ne peut imaginer ce que ce groupe est, et représente mais on réduit Kassav à une musique antillaise tout court.

C’est d’ailleurs pourquoi il y a toujours de l’engouement avec ce groupe majeur.

En 1979 lorsque Jacob Desvarieux, George Décimus et Pierre Edouard Décimus décident de créer une musique, la musique antillaise est hégémonique en Haïti et en Guadeloupe je vous le rappelle une musique qu’ils ne repoussaient pas. Bien au contraire, Ils l’aimaient et à l’époque, la musique de la Dominique était très présente. Et pourtant ils voulaient résolument qu’il y ait à nouveau une musique martiniquaise guadeloupéenne, c’est comme cela que commencent les premiers travaux autour d’une musique.

 

Et c’est en 1982 avec l’opus « Oh madiana » que le 1er grand succès de Kassav fait jour et  débute ainsi l’aventure.

 

Jacob Devarieux n’était pas seulement l’un des piliers de Kassav. Il était un excellent musicien qui a été un requin de studio à une époque. On pourrait comparer, pas son jeu mais sa dextérité, sa précision et son talent à celui du guitariste de « Dire Straits », Marc Knopofler qui a un jeu trés particulier, à celui de Nile Rodgers du groupe « Chic »…

 

Jacob Devarieux appartient à ce club trés fermé des grands guitaristes dont on reconnait le son immédiatement.

 

Et puis, il était un compositeur, un arrangeur, un auteur, un créateur, un inventeur d’une musique qu’il a codifié pour affirmer une identité. Et cette  musique là, appelée « zouk »,  n’a pas fait seulement danser que la Martinique, la Guadeloupe, la Guyane, la Réunion et le reste de la Caraïbe mais elle a fait danser le monde.

 

Beaucoup ont retrouvé la force de leur identité grâce à Jacob Devarieux et aux autres membres de Kassav, Jocelyne Béroard, Jean Phillip Marthély, Georges Décimus, le regretté Patrick St Eloi et toutes celles et ceux qui composent le groupe qui a su rapprocher l’Afrique des Antilles.

 

Souvenez vous de la chanson « mwen malad aw » où il dit vers la fin « tout le monde est mabobo » et ça c’est Kinshasa, c’est Pépé Kallé c’est le Zaïre!

 

À ce jour Kassav est le seul groupe français à s’être produit à Moscou. Qu’est ce que les russes connaissent au créole?

 

Lorsqu’on parle du travail extraordinaire d’Aimé Césaire dans la négritude pour rapprocher l’Afrique de ses diasporas, à coté, Kassav a également fait un travail extraordinaire à sa période, à son temps, à son rythme. Kassav a réussi à rapprocher, je dirai même à réconcilier, consolider. C’est cela le plus bel héritage.

 

Tenez, il y a cette anecdote à Luanda en Angola, en pleine guerre civile, Jacob Devarieux et les Kassav ont joué devant plus de 90 mille personnes, c’est cela la magie qu’ils ont su créer en Afrique.

 

Et cela peut aussi expliquer qu’un ministre ait décidé à l’époque de créer un musée du zouk en terre africaine à Luanda. C’est cela qui est extraordinaire car

même aux Antilles là où est née cette musique, il n’y a pas de musée du zouk.

Reposez en paix Monsieur Jacob Devarieux !

 

Aly Saleh Journaliste/Chroniqueur

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