En théorie des jeux, le jeu du mille-pattes rend compte d’une situation dans laquelle 2 joueurs se partagent une cagnotte qui augmente à chaque tour (donc avec la longueur du jeu). Chacun peut décider d’arrêter à tout moment mais la part de chaque joueur s’accroît avec le temps.
Par exemple si au départ il y a 1000 à se partager, si le joueur qui a la main (pour décider) décide de « passer », la cagnotte peut passer à 1500 lorsqu’elle arrive aux mains de l’autre qui peut aussi arrêter (pour le partage) ou « passer » pour une cagnotte qui peut passer à 2000, ainsi de suite.
Depuis que cette histoire de « dette cachée » a éclaté au Sénégal, le FMI et le Sénégal sont dans des négociations qui tirent en longueur alors que la décision à prendre est connue : la facilité de crédit rapide (FCR) qui est un mecaniqme de financement du FMI pour les pays qui ont un besoin urgent.
Les gains pour le FMI et le Sénégal
L’avantage pour le FMI c’est que la longueur de la procédure donne l’impression que « c’est du sérieux » et que ce genre de « faute » n’est à répéter ni par le Sénégal, ni par un autre pays. C’est une question de crédibilité car le FMI qui est censé connaître comment sont gérées les finances publiques dans nos pays. Actuellement le FMI est comme un professeur qui a donné une bonne note à un élève qui est revenu lui montrer qu’il y a des erreurs sur sa copie qui lui ont échappé; c’est gênant !
Pour le Sénégal, le gain c’est qu’après avoir rempli toutes les conditions (publication du rapport de la cour des comptes, collaboration avec le cabinet international Forvis Mazars qui fait l’inventaire de la dette publique à étudier par le FMI), il peut bénéficier de financements conséquents du FMI et attirer d’autres investisseurs qui auront l’assurance que les chiffres sont fiables et que les autorités jouent la carte de la transparence.
Et si l’on parlait de « rebasing » de la dette ?
Le « rebasing » du PIB est bien connu, celui de la dette, non ! Le rebasing ou changement d’année de base du PIB, permet d’intégrer, dans les comptes nationaux, de nouvelles activités économiques, ou d’utiliser des enquêtes ou recensements plus récents ou encore de prendre en compte un changement de méthode. C’est pour avoir la vraie taille et la vraie structure de l’économie.
Entre la prise en compte de nouvelles activités dans le PIB (rebasing) et la réévaluation de la dette, c’est l’utilisation du terme « cachée » (pour la dette) qui pose problème. Même pour le rebasing du PIB, si on avait parlé d’activités « cachées », on aurait crié au scandale comme pour la dette.
Le Sénégal a changé de méthode et puis c’est tout (ou comme dirait l’autre « épissétou ») ! On a réévalué la dette aussi bien; c’est du rebasing. On attend la facilité de crédit rapide (FCR) qui est un mécanisme du FMI réservé aux pays qui ont un besoin urgent de rééquilibrer leur balance des paiements.
Pr Abou Kane
FASEG/UCAD