Fin de l’état de catastrophe sanitaire : «une décision contradictoire par rapport à la situation actuelle de la pandémie», Dr Souleymane Lô, Sociologue

Ce qu’il faut juste retenir de cette levée de l’état de catastrophe sanitaire qui a été instaurée par le gouvernement, depuis la prise de cette décision jusqu’à présent, quand on analyse exactement l’avancée de la maladie par rapport à la mesure, on peut dire évidemment qu’elle n’a pas d’abord donné de fruits c’est-à-dire qu’elle n’a pas été une mesure efficace, pertinente, qui aurait due éviter ou ralentir la propagation de la pandémie

Ça, c’est le constat général. Alors, à l’heure actuelle, l’Etat du Sénégal pense, en liaison avec les derniers événements concernant les manifestations, que la plupart de la colère des jeunes serait liée à ces mesures. Et par conséquent, c’est une façon maintenant de gérer un peu ce fléau que de lever cette décision pour permettre aux populations de vaquer à leurs préoccupations. Et peut-être, d’une certaine manière, c’est de ne plus s’exposer à la colère ou à des manifestations violentes. Donc, certes, c’est l’une des raisons fondamentale qui pousse l’Etat du Sénégal à y aller. Malheureusement, c’est une décision qui, encore une fois, demeure contradictoire par rapport à la situation actuelle de la pandémie.

C’est vrai que nous sommes dans une période de vaccination ; mais comme tout le monde le remarque à travers même le monde, il est question d’envisager la possibilité d’une troisième vague de cette maladie, avec d’autres variances qui sont susceptibles d’arriver au Sénégal. Et récemment on a noté une variante sud-africaine qu’on a contracté au Sénégal et que, à partir de ce moment, si l’Etat du Sénégal revient encore pour lever donc cette décision, c’est que finalement on se dit : «est-ce qu’il savait ce qu’il faisait ? Est-ce que réellement ce n’était pas parce que les gens prenaient des décisions un peu partout dans le monde que le Sénégal ait été obligé de suivre ?»

Par conséquent, ça ressemble plus à un suivisme par rapport à ce qui ce passe sur le plan international qu’une décision qui aurait comme impact de lutter contre la Covid19. Donc, c’est un paradoxe qui est là et malheureusement on ne comprend pas exactement, jusqu’à présent, du début à la fin, ni les intentions, ni les stratégies prises par l’Etat du Sénégal pour faire face à la pandémie. Toujours donc ce sont des contradictions qu’on observe au fur et à mesure à des moments les moins attendus et que maintenant la population est exposée à ça.

Maintenant, les conséquences qu’on peut envisager, c’est qu’évidemment si toutefois il y a cette probabilité en tout cas de la troisième vague qui s’annonce un peu partout dans le monde avec d’autres variantes ou d’autres types de variances qui commencent à faire leurs petits bonhommes de chemins, alors le Sénégal garde encore un pied levé sous l’abîme. Ça veut dire que la catastrophe est encore là et que certainement ça pourrait être beaucoup plus dur, beaucoup plus meurtrière que les précédentes et que malheureusement le Sénégal risquerait d’être pris au dépourvu. Et ça sera trop tard encore pour réagir par rapport à cette maladie.

Aujourd’hui, les conséquences à venir, prions peut-être Dieu pour qu’il puisse nous préserver de ces conséquences futures, mais à l’heure actuelle, je pense bien que la plus grande catastrophe c’est que le Sénégal puisse être encore surpris, comme il l’a été, et que ça peut-être plus meurtrière que jamais. Et déjà nous avons les conséquences parce que le troisième âge ne peut pas résister en tout cas à l’attaque de la Covid-19

Sud Quotidien

Mamadou Nancy Fall
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