Entreprenariat : Comment le Nigérian Femi Eniola a monté un business lucratif de poisson-chat fumé

Le poisson-chat fumé a un potentiel commercial considérable en Asie et aux USA. Après avoir constaté l’absence de cette spécialité nigériane dans les grandes surfaces en Occident, Femi Eniola a décidé de rentrer au pays pour développer cette filière sur les marchés internationaux.

Osky Catfish Hatchery Grow-out & Processing Facility, entreprise agroalimentaire au Nigéria, se spécialise dans l’élevage et le séchage de poissons-chats pour la consommation et l’exportation. C’est sur une surface de 5 000 m2 dans la Benin Owena River Basin Development Authority, près d’Akure dans l’État natal d’Ondo, que l’entreprise exerce son activité. De l’éclosion à la transformation du poisson-chat en passant par la phase de croissance, tout le processus répond aux normes internationales.

Femi Eniola, le fondateur, a confié sur How We Made It In Africa que lors de ses multiples séjours à l’étranger, il avait du mal à trouver le poisson-chat fumé nigérian dans les rayons de supermarché.

« Tous les poissons-chats que j’ai pu trouver semblaient provenir de pays d’Asie de l’Est comme la Thaïlande ou les Philippines, même ceux des magasins africains. J’ai voulu savoir quel était le secret qui permettait aux pays d’Asie de l’Est d’exporter autant de poisson-chat, alors que les pays d’Afrique, malgré des conditions de culture aussi fertiles, en exportaient si peu. Je me suis donc rendu aux Philippines, où je me suis inscrit à un programme de formation à la production de poisson-chat. Au cours de ce programme, on utilisait en fait des poissons-chats élevés au Nigeria. C’est une insulte et une grande honte pour le Nigeria. C’est donc ce qui m’a poussé à revenir », relate-t-il.

Sur le marché international, notamment en Asie et aux Etats-Unis, le commerce du poisson-chat séché a un énorme potentiel d’après Femi Eniola. De nombreux consommateurs délaissent la viande rouge et se tournent vers d’autres sources de protéines. Dans les pays africains, cet aliment est très populaire et couramment utilisé en cuisine. Malheureusement, le marché nigérian popularise plus le poisson-chat fumé de manière traditionnelle, à la flamme, une méthode qui pose des problèmes de santé car elle peut être cancérigène. Elle empêche aussi les producteurs locaux d’accéder au marché d’exportation, car très peu de pays occidentaux acceptent de commercialiser du poisson-chat séché directement au feu.

L’élevage du poisson-chat peut être une activité très lucrative au Nigéria. La matière première étant largement disponible, les besoins en capitaux sont moindres par rapport à la plupart des autres entreprises agricoles et manufacturières. En outre, il suffit de quelques semaines seulement pour avoir des poissons prêts à la vente, ce qui en fait une activité au chiffre d’affaires constant et rapide.

« Le poisson-chat peut être consommé dès l’âge de 60 jours, mais nous laissons nos poissons grandir pendant environ 90 jours, lorsqu’ils atteignent 600 à 700 grammes », a-t-il ajouté.

Chaque semaine, Osky transforme environ quatre tonnes de poisson-chat frais, pour environ une tonne de produit séché. Cependant, l’entreprise doit faire avec certains défis, notamment le changement climatique qui exige d’innover au quotidien pour la survie des poissons, et le manque de main-d’œuvre qualifiée.

Ecofin

Pape Ismaïla CAMARA
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