Déficit de terres et de matériel : Autosuffisance en banane du Sénégal, un projet qui risque de tomber à l’eau

L’État n’a toujours pas aménagé les 500 ha qu’il avait promis aux producteurs de bananes. Et ces derniers n’ont pas encore reçu le financement qui devait leur permettre de démarrer convenablement le projet conçu pour atteindre l’autosuffisance.

Le Sénégal risque de ne pas atteindre l’objectif qu’il s’est fixé en matière d’autosuffisance en banane. Du moins, pas à temps. En effet, l’État, qui avait promis d’aménager 500 ha, n’est toujours pas allé au bout de ses efforts.

“Le projet a été lancé en 2013 et ce n’est qu’en 2019 que la société Somafi, qui a gagné le marché à la suite d’un appel d’offres, a reçu le permis d’exploitation de la part de l’ARMP. N’ayant pas reçu la somme due pour démarrer l’activité, Moustapha Diagne (de la Somafi) qui pilote ce projet a fait des efforts pour mettre à la disposition des travailleurs du matériel. Mais il reste 15 %”, regrette le président de Djolof Waar Bi de la filière bananière, Mouhamed Mangane

Cet opérateur économique membre du Collectif régional des producteurs de banane de Tambacounda (Corprobat) informe que ses collègues n’ont même pas reçu, de la part du gouvernement, la moitié de l’avance qui était prévue pour le démarrage du projet qui a été réévalué à 3,5 milliards F CFA. “Macky Sall a fait des promesses et donné des instructions depuis 2013, mais jusqu’à présent, rien n’a été fait pour l’aboutissement du projet. Un pays qui veut se développer doit éviter ces lenteurs. Nous ignorons à quel niveau se situe le blocage, entre le ministère des Finances et celui de l’Agriculture, mais nous les invitons à exécuter la demande du président de la République”, a indiqué M. Mangane. L’année dernière, à cause du manque de matériel, les efforts déployés à travers des plantations sont vains. “Les jeunes qui ont été recrutés ont dû aller chercher autre chose à faire. La même chose risque de se reproduire cette année”, craint le producteur de bananes. Or, avec le nouvel objectif, 1 000 à 1 500 emplois doivent s’ajouter au nombre d’emplois déjà créés par la filière bananière

Au-delà du manque de matériel, le gros souci des producteurs de bananes est en rapport avec la disponibilité des terres. Parce que le sol idéal doit avoir une forte capacité de rétention d’eau tout en étant bien drainé. Des protocoles d’accord ont été signés avec le ministère de l’Environnement depuis les années 1980, pour permettre aux producteurs de bananes d’exploiter les terres fertiles.

Mais selon Mouhamed Mangane, depuis quatre ans, le protocole d’accord n’est pas respecté. Ainsi, il demande au ministre Alioune Ndoye de mettre à leur disposition des terres cultivables.

“A Tamba, à Kolda et à Vélingara, il n’y a aucune activité aussi importante que la culture de la banane. Il faut régler ce problème d’espace”, a-t-il soutenu avec insistance.

Malgré l’insuffisance de matériel et de terres fertiles, le gap en banane a été considérablement réduit ces dernières années, grâce aux efforts des acteurs. De son côté, le gouvernement a quand même misé sur la filière banane pour booster les exportations sénégalaises en fruits et légumes. D’où le projet d’agrégation de la chaîne de valeur d’un coût de 6,7 milliards F CFA étalés sur cinq années.

“À présent, la production a atteint les 95 %. D’ici un an environ, le Sénégal devait atteindre l’autosuffisance en banane. Mais ce n’est plus possible à cause des lenteurs. Il faudra peutêtre attendre 2025”, a estimé Mouhamed Mangane qui note que les producteurs n’attendent pas le gouvernement qui peine à matérialiser sa belle vision.

“Nous n’avons pas croisé les bras à attendre la perception de l’avance. Si nous l’avions fait, il n’y aurait aucun progrès. Mais depuis l’année dernière, nous peinons à combler le déficit de matériel. Et il nous faut des terres”, récapitule l’opérateur économique. La banane a beaucoup de bienfaits pour la santé.

Elle est bonne pour le système cardiovasculaire. Elle est recommandée aux personnes souffrant d’hypertension et celles qui veulent chasser le stress. Ce fruit contient du magnésium et du potassium. C’est aussi un aliment riche en fibres, en minéraux et en amidon. Il contribue également à la santé de la peau, à la croissance des os et des dents, etc.

EnQuete

Momar Diack SECK
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