Coup de gueule de Babacar Mbaye Ngaraf, Leader de ‘’Nay Ler’’: «Dans ce pays, on est en train de tuer le défi de réussir, par la rage de vaincre…»

Coordonnateur de la plateforme ‘’Nay Ler’’ et président du mouvement citoyen Alliance sauver le Sénégal, Babacar Mbaye Ngaraf pousse un vrai coup de gueule dans cet entretien accordé à Vox Populi. Le Secrétaire général national de l’Organisation des instituteurs du Sénégal aborde des sujets d’actualité, notamment l’affaire des 125 milliards de FCFA et la gestion du foncier.

 

Quel commentaire faites-vous de l’affaire des 125 milliards dans laquelle Farba Ngom est visé par le Parquet financier?

Je voudrais rappeler que la reddition des comptes est une exigence citoyenne et même morale à laquelle aucun dirigeant ne peut se soustraire. Ce sur quoi on ne saurait transiger, c’est qu’elle soit utilisée pour des règlements de comptes. En dissertation, on apprend à nos enfants «Traiter le Sujet, Tout le sujet, Rien que le sujet». Il en est de même pour la reddition des comptes : «Reddition des comptes, Sur tous les comptes, Rien que la reddition des comptes». Une manière d’endiguer toute velléité de transformer cet exercice en règlement de comptes.

Sur cette affaire des 125 milliards, on ne peut que faire confiance à la justice, tout en rappelant que les hommes passent, les institutions demeurent. Les régimes n’étant pas éternels, la seule constante à laquelle cette justice doit obéir, c’est le droit.

Récemment, la presse a fait écho des instructions du Premier ministre données au ministre Cheikh Diba, suite aux recommandations du Comité Ad hoc, pour l’annulation de certains lotissements (Exemples : OEGEN, Nouvelle ville de Thiés), la suppression de certaines parties des PUD de Guédiawaye et de Malika ainsi que la révision des attributions multiples et des grandes assiettes. Que pensez-vous de ces mesures ?

Du comité Ad hoc, on attendait une réponse à la lancinante problématique du foncier, Mais on a l’impression d’avoir plutôt une aggravation de la situation et multiplication des problèmes.

On ne propose comme solution d’éteindre le feu que d’y verser de l’huile. Les notaires, inspecteurs des impôts et avocats, membres du comité, peuvent-ils se taire face à des idées d’annuler des lotissements où des gens disposent de droits réels qui ont donné lieu à des transactions (cession, hypothèques, garantie ou apport à des projets) ?

Pour les Plans d’urbanisme détaillés de Guédiawaye et Malika, on n’a que déception et inquiétude, même si on a satisfaction pour les mesures sur la partie océan.

Les impactés par le PUD (c’est-à-dire les possédants de parcelles existantes avant PUD) ne savent pas où donner de la tête, tandis que les particuliers attributaires de lots peinent à avoir des quitus de main levée après neuf longs et pénibles mois d’attente. Aujourd’hui, ils ont beaucoup plus besoin d’abord de la levée des mesures de suspension prises par le Directeur général sur le PUD afin de pouvoir disposer de leurs baux et implanter leurs parcelles. Il en est de même pour la Mairie de la ville «Maître d’ouvrage dudit PUD» qui ne sait même pas où se trouvent ses propres équipements.

Les lotissements dits Yeumbeul Nord près Gadaye et Malika site de recasement des impactés du BRT, VDN 2 et VDN 3, sont victimes d’extrapolations des mesures concernant le PUD. Ce sont des lotissements sur le domaine national qui datent de 2016, donc antérieurs au PUD qui date de 2023. Du fait des arrêts de construction, leurs matériaux se dégradent, se font voler, tandis que leurs ressources financières tirées des indemnisations se volatilisent par le loyer; référence faite aux expropriés par l’Etat dans le cadre de la réalisation du BRT et le prolongement de la VDN.

On ne peut pas prendre des mesures sans penser au sort des victimes qu’elles feront, lesquelles victimes n’ont commis aucune faute pour être sanctionnées.

J’en profite pour inviter le Premier ministre à penser à ses administrés qui, sans n’avoir commis aucune faute, risquent d’être les victimes de calomniateurs, maîtres dans la médisance. Aujourd’hui, on a l’impression qu’avoir des biens acquis à la sueur de son front, après de durs labeurs, est un délit. Les ‘’Gorgorlus’’ qui sacrifient leur sommeil, leur repos, quelquefois même leur santé, pour sortir la tête de l’eau, sont la proie facile d’autoproclamés lanceurs d’alerte. Dans ce pays, on est en train de tuer le défi de réussir, la rage de vaincre dans le respect des lois et règles.

Vous êtes également syndicaliste dans l’enseignement.  Où est-ce que vous en êtes avec vos revendications ?

L’école sénégalaise a perdu trop de temps ces dernières années. Il ne s’est passé une seule année scolaire, sans que les élèves ne soient victimes d’agressions de leur quantum horaire pour des revendications que l’Etat peut satisfaire.

Aujourd’hui, en souvenance aux positions du Premier ministre sur les revendications des syndicats et sa sensibilité sur le traitement des enseignants, comparativement à celui des autres agents de l’Etat (rémunération, impôts, indemnité…), on peut avoir espoir qu’on ne sera même pas dans le besoin d’aller en grève. On rappelle seulement le problème de déficit d’enseignants, le manque de moyens conformes au curriculum, l’iniquité des classes spéciales (classe à double flux, classe multigrade), les abris provisoires, la situation des Décisionnaires, les surimpositions, les indemnités de correction au CFEE, les sujétions des Directeurs d’école …

Vox pop

 

 

Oumou Khaïry NDIAYE
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