Contre la migration irrégulière : La RADDHO appelle à la mobilisation générale et veut que les Législatives servent de tribune pour en parler

Aussitôt a-t-elle pris les rênes de la Rencontre Africaine pour la Défense des Droits de l’Homme (RADDHO), que la Secrétaire Générale (par intérim) Mme Dabo Yéya Birane Wane sonne la grande mobilisation «pour une vraie politique migratoire».

Et contexte de Législatives anticipées oblige, la RADDHO en appelle à «la mobilisation de toutes les organisations de la société civile afin que la campagne électorale à venir soit un moment de déclinaison de la vision des partis politiques sénégalais en matière de migration et pour que de vraies assises de la migration se tiennent dans le courant de l’année prochaine».

La RADDHO réagit ainsi suite aux drames en mer survenus au Sénégal. Elle se dit «profondément attristée et préoccupée par le décès de plusieurs dizaines de jeunes sénégalais et africains, au large de la ville de Mbour, le 08 septembre 2024, dans le naufrage de l’embarcation de fortune qu’ils avaient empruntée pour, semble-t-il, rallier l’archipel espagnol, des Açores».

Elle ajoute que «ce lourd bilan, qui n’a pas encore été chiffré, s’ajoute à la longue liste de jeunes à la quête d’une vie meilleure, morts en mer en tentant de rejoindre l’Europe. Déjà, en février 2024, une pirogue transportant des migrants avait chaviré au large de Saint- Louis et entrainé la mort d’une trentaine de personnes».

Pis, dit-elle, selon l’organisation EU­RACTIV, «au moins 959 personnes seraient mortes, depuis le début de l’année dans des naufrages survenus entre le Sénégal et la Gambie».

Aux autorités de «s’attaquer aux causes profondes de la migration que l’on peut qualifier de forcée»

La RADDHO qui présente «ses condoléances attristées aux familles endeuillées», demande aux autorités de les accompagner dans ces moments difficiles en leur apportant un soutien psychologique et matériel approprié. Plus largement encore, la SG de la RADDHO estime que «tout le pays souffre de cette situation et a besoin d’un accompagnement psychologique».

Expliquant les causes de l’exode massif des jeunes au péril de leur vie, la RADDHO indique que «les inégalités économiques, l’extrême pauvreté, un chômage endémique particulièrement chez les jeunes, l’impact du changement climatique et la volatilité de la situation politique de nos pays poussent les plus téméraires d’entre eux à risquer leur vie dans un voyage, qui le plus souvent, est sans retour. Ces actes désespérés sont souvent posés après des tentatives infructueuses d’accéder à des visas pour saisir des opportunités d’immigration régulière. Pour ne prendre que l’année 2023, 44,5% des demandes de visa pour l’espace Schengen ont été refusées au Sénégal».

Elle ajoute que «l’intensification de ces départs est aussi liée au fait que 60% de la population sénégalaise a moins de 20 ans et les jeunes en âge de travailler représentent plus de la moitié de la population active.

L’absence de vision politique dans la prise en charge de la jeunesse, l’inexistence d’une politique nationale sur la migration et surtout la volonté des partenaires européens de tout faire pour fermer les portes de la migration africaine vers le monde occidental expliquent ces récents flux migratoires que des politiques d’arraisonnement de pirogues en mer ne peuvent stopper».

Selon la RADDHO, «si la Constitution sénégalaise accorde à tout citoyen le droit de quitter son pays et d’y retourner, l’Etat doit, à travers une politique de migration assumée, indiquer les modalités de réalisation de ce droit fondamental et œuvrer à le protéger partout où le citoyen se trouvera».

C’est pourquoi elle demande aux autorités sénégalaises de «s’attaquer, avant toute chose, aux causes profondes de la migration que l’on peut qualifier de forcée ; impliquer toutes les strates de la société, y compris les collectivités territoriales dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique nationale à venir de migration».

Elle demande aussi aux autorités de «repenser la politique d’aide à la réinsertion sociale des migrants de retour et des personnes déplacées en s’appuyant sur les textes adoptés dans le cadre de l’Union africaine et de la CEDEAO et d’adopter une vraie politique de décentralisation avec al création des infrastructures de développement permettant de fixer les jeunes».

Source Vox populi

Oumou Khaïry NDIAYE
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