Construction d’une fonderie a Keur Momar Ndiaye : La population alerte, le chinois fonce, le gouvernement assiste

Depuis quelques temps, les populations de la commune de Keur Momar Ndiaye, pour une bonne partie, s’érigent en bouclier contre l’implantation d’une usine métallurgique avec son lot de conséquences catastrophiques. Malgré les multiples interpellations pour sauver cette partie décrite

comme le poumon vert de la région ou du département de Thiès, rien n’y fit. La population face à un industriel chinois qui fonce dans son projet alors que l’Etat semble se plaire dans un rôle de spectateur en attendant l’irréparable. L’Exclusif

Les fonderies, selon certains avis d’experts, sont classées dans une nomenclature des installations classées pour la protection de l’environnement, selon des critères basés sur leur capacité de production journalière et le niveau de dangers qu’elles présentent pour l’environnement. Mais, dans ce cas, précis, l’on aurait foulé du pied la plupart des textes législatifs et réglementaires.

«La législation des installations classées confère à l’État des pouvoirs «d’autorisation ou de refus d’autorisation de fonctionnement d’une installation, de réglementation avec le respect de certaines dispositions techniques, de contrôle, de sanction», relève-t-on. Revenant sur la polémique autour de l’implantation de la fonderie, le technicien du service des eaux et forêts indique que les installations classées font l’objet d’une réglementation spécifique, selon le code de l’environnement.

« Les activités concernées sont définies par une nomenclature qui les classe sous le régime de la déclaration, l’enregistrement ou l’autorisation en fonction de la gravité des dangers ou inconvénients qu’elles peuvent présenter » dit la source qui s’étonne même du manque d’étude d’impact environnemental et de réaction de la tutelle. La nomenclature des installations classées s’adapte continuellement aux évolutions technologiques et à la connaissance des risques.

« Je me demande pourquoi la réglementation ne s’applique pas- t-elle à la fonderie de Keur Momar Ndiaye ? »

Agriculteurs et aviculteurs réclament l’arrêt des travaux

«Les fonderies peuvent être des sources de pollution pour l’extérieur et son impact sur la santé des populations est beaucoup plus inquiétante. Voilà pourquoi les populations de Keur Mor Ndiaye veulent préparer la lutte sur tous les fronts : la lutte contre la pollution de l’air, de l’eau, la protection contre les bruits et les vibrations, la gestion des déchets industriels.

Dans cet environnement rural sauvegardé de toute pollution industrielle, les nuisances constatées seront automatiquement attribuées à la responsabilité de l’usine. Ici nous ne connaissons que nos champs et l’élevage. Mais avec l’implantation d’une industrie, nous risquons de tout perdre», déplore Mor Seck, exploitant de champ à Fandéme. Selon les victimes, la fonderie cohabite et surplombe des centaines de poulaillers dédiés à l’’élevage intensif des poulets.

Et les aviculteurs risquent de payer beaucoup de pots cassés car «sortis d’un hivernage pas trop clément pour eux, rentrent des bandes de cinq à dix mille poussins et plus et, se retrouvent à nouveau confrontés à l’érection de cette usine qui risque d’annihiler tous les efforts consentis». Les populations se posent moult questions dont entre autres. «Sur quoi auraient misé les concepteurs d’un tel projet, qui est juste un scandale écologique notoire? Les chinois ont –ils le droit d’ériger une fonderie dans un village comme la nôtre en contradiction des normes environnementales de l’Etat du Sénégal?»

Qui protège (nt) le chinois Lin?

Les populations de Keur Mor Ndiaye évoquent des risques chimiques causés par les procédés de fonderie comme les cancers ethmoïde, sinus, bronches et autres entraînés par le dioxyde de nickel. La fièvre des fondeurs, avec des symptômes de type grippal, provenant d’une forte inhalation d’oxyde de zinc, mais également de fumées à base de cuivre, magnésium ou cadmium est aussi redoutée.

D’où le cri de cœur à l’endroit de la tutelle : «Monsieur le ministre de l’environnement, à l’époque de l’implantation de l’usine métallurgique du chinois Lin dans la zone agricole de Keur Mor Ndiaye, qui constitue de surcroît le poumon vert de la localité de Thiès et de ses environs, vous aviez d’autres charges autrement aussi importantes dans le gouvernement de ce pays.

Votre nomination à ce poste et la réputation d’homme de principes qui vous précèdent ont été accueillies avec beaucoup d’espoir par les populations impactées qui souhaitent que des mesures radicales et dissuasives soient prises à l’encontre Mr Lin qui ne dispose à ce jour, ni d’étude Impact environnemental, ni d’une audience publique, encore moins de l’aval des populations et villages jouxtant cette fonderie». Pour Mor Seck avant de conclure en ses termes, les habitants de la zone souhaitent un arrêt immédiat des travaux de l’usine et l’ouverture d’une enquête.

Dieyna SENE
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