Combat à distance Macky Sall-Ousmane Sonko : La jeunesse, maître du jeu

L’avenir de la jeunesse, c’est ce dont il est question aussi bien pour la majorité présidentielle que pour le chef de l’opposition, Ous­mane Sonko. Qu’est-ce qui fait courir les deux hommes politiques ? Entre apaisement, drague, appel et conscientisation, la scène politique sénégalaise est montée d’un cran, en l’espace de 24 heures.

Le Président n’a pas d’alter ego ni d’adversaire à sa mesure. De manière factuelle, il l’a montré lors des élections de 2019, dès le premier tour laissant ses adversaires affalés. Mais n’empêche, Macky Sall et sa coalition ont un adversaire, assez inattendu d’ailleurs, la jeunesse sénégalaise.

Elle est devenue très forte et menaçante, surtout au sortir des émeutes qui ont secoué son régime entre les 3 et 8 mars 2021. On l’a vu aussi bien sur le terrain que sur les réseaux sociaux porter le leader de Pastef/Les Patriotes dans son cœur. Hors de vu le Président du Conseil Économique social et environnemental (CESE), Idrissa Seck, et du candidat du Parti de l’Unité et du Rassemblement (PUR), Issa Sall et de Me Madické Niang de la coalition Madické2019 !

Malgré l’émergence de nouveaux leaders de l’opposition sur la scène, Ousmane Sonko affiche une certaine longueur d’avance.

Alors point de réflexion pour Macky Sall et ses souteneurs, il faut dégainer vite pour ne pas perdre la face le temps de traverser les locales, les législatives et la présidentielle. C’est dire qu’au-delà des fortes annonces à coup de milliards de francs CFA, «Sall Ngary» et son gouvernement évitent un camouflet électoral qui semble se profiler à l’horizon. En réalité, l’emploi est le rendez-vous manqué de Benno Bokk Yakaar et sera, sans doute, l’un des moteurs de l’agenda politique des trois prochaines années.

Quand la jeunesse va retrouver, par la grâce de «Sall Ngary», stabilité sociale et puissance financière, elle n’aura plus d’autres préoccupations que de chanter celui qui s’est occupé de leurs vrais problèmes. Nous savons que dans nos pays, tout homme politique, tout chef de parti a deux obligations vis-à-vis de ses militants et partisans : les respecter, bien sûr, savoir écouter leurs doléances et les prendre en compte, mais aussi «mouiller les fronts et les gorges», c’est-à-dire redistribuer, payer, secourir et entretenir.

Gare à la politisation à outrance de cette histoire d’emploi ! Cela pourrait être une excellente occasion pour enrôler politiquement les jeunes, surtout les primo votants entre 2022 et 2024.

Mais nous n’en sommes pas encore là et les enjeux sont de taille !

C’est pourquoi, la sortie millimétrée du député et chef de l’opposition, Ousmane Sonko, la veille de la tenue du CNEIJ, a tout son sens. La jeunesse était également au cœur de cette sortie médiatique sur Jotna TV. Sa stratégie, finement définie, devait brouiller les efforts que «Sall Ngary» voudraient consentir pour «sa» jeunesse. Il faut occuper le champ médiatique. Ousmane Sonko reste toujours aux yeux de la jeunesse sénégalaise un politique qui se veut direct, clair, non calculateur et qui déflore les scandales étatiques sans fioritures.

En épinglant dans son speech d’avant-hier l’inscription des jeunes sur le fichier électoral, le député de Pastef écarquille encore les yeux de la jeunesse pour indiquer que le Sénégal n’est pas une propriété privée encore moins un joujou. Il s’agit de millions de destins qui sont entre les mains de cette jeunesse qui, selon, doit faire le reste du job pour en finir avec le régime de «Sall Ngary».

Mais le patron de l’Alliance pour la République est aux aguets. De l’emploi hier, il a viré à la politique. «Un citoyen ne doit pas oser attaquer des casernes de gendarmerie où sont gardées des armes, incendier gratuitement des maisons appartenant à autrui, tout cela est passé mais cela ne peut plus se reproduire», a déclaré Macky Sall. Et de renchérir : «Il faut qu’on comprenne que le Sénégal nous appartient à nous tous. Donc, on doit faire de bonnes choses. Nous devons rendre grâce à Dieu d’être dans une démocratie. Car seule la démocratie peut accepter cela. Mais chacun doit comprendre qu’il y a des limites qui, si on les dépasse, mènent dans un autre domaine. Et si tu on te suit dans ce que tu fais, cela peut être très dur pour toi. Donc il faut qu’on revienne à la raison et qu’on comprenne que ce pays, personne ne peut le détruire».

Alors, quelle réponse Macky va-t-il donner au «Nemmeku tour» annoncé par Ousmane Sonko à travers le pays et la diaspora africaine et occidentale?

Voilà ouverte la surenchère autour d’une jeunesse qui vient de se libérer. Qui va les faire rêver ?

Les Sénégalais jugeront de qui va plus tirer profit de l’usage de ces nouveaux faiseurs de Président…

24 heures

Michel DIEYE

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