Chronique : Qui pour réajuster ce bateau ivre ? Par Mamadou Lamine Diatta

Le navire Sénégal tangue de toutes parts.

L’image de ce bateau ivre est finalement pathétique.Au regard des récents évènements, les clignotants politiques sont  au rouge.

La violence verbale et  celle liée aux nombreuses casses du jeudi 16 mars dernier indiquent que  les principaux acteurs nous ont plongé dans une situation qui ressemble visiblement à un point de non retour.

Cette bipolarisation Macky Sall/ Sonko met en scène un scénario insolite :un pouvoir en mode réaction qui lâche ses bretteurs dans la jungle médiatique à la moindre salve de l’adversaire pour tenter de déconstruire les éléments de langage d’un Leader de l’opposition au discours offensif et sans fards.

Mais le monde épie  ce Sénégal présenté naguère comme une vitrine démocratique africaine, un îlot de stabilité dans un continent encore  en proie à des batailles fratricides épiques pour le contrôle du pouvoir.

Par ailleurs, cette cristallisation du débat politique autour d’Ousmane Sonko  reste un fait inédit… Une situation qui rappelle un tantinet  la  dualité Abdou Diouf/Wade  toutes proportions gardées !

La vague d’arrestations massives de figures locales de l’opposition est sans doute une tâche noire de nature à craqueler davantage la vitrine démocratique ouest- africaine.

Avec la  garde à  vue prolongée de Dr Babacar Niang présenté par les communicants du régime comme un  militant de Sonko, Il est clair que le pouvoir n’a aucun intérêt à  se mettre à dos une corporation aussi importante que le monde médical. Cette forte mobilisation de l’ordre des médecins, des  principaux syndicats et tous les personnels de santé doit être analysée avec lucidité par les tenants actuels de la puissance publique.

Dans cette ambiance délétère qui sévit sous nos cieux et qui commence  malheureusement à durer, la thèse de l’accalmie du mois béni  du Ramadan semble désuète tant les acteurs sont encore décidés à  ferrailler malgré l’appel des mosquées et des églises…

Ce n’est sûrement pas l’idéal mais l’histoire politique du pays a toujours accouché de mois de Ramadan difficiles :Dieu veille sur le pays !

Pour certains, la tension politique  devrait retomber d’autant que les musulmans vont retourner à Dieu.

C’est mal connaître les Sénégalais.

En 1994, des événements tragiques avaient émaillé la marche délicate de notre démocratie sur le boulevard Général De Gaulle en plein ramadan…

Pourtant ce début du Ramadan à l’unisson doit être décrypté comme un

signal fort envoyé à la classe politique.

Ce pays repose malgré tout sur des ressorts assez solides.

Ce combat politique Macky/ Sonko ne sera pas de tout repos et les mois qui nous séparent de février 2024 vont paraître comme une éternité tant les esprits sont sujets à une surchauffe certaine.

De ce point de vue le récent appel  à la paix d’un Guide religieux de la dimension de  Cheikh Oumar Ibn Thierno Bachir Tall garde tout son sens et toute sa valeur d’autant qu’il a observé l’équidistance qui sied en de pareilles circonstances.

Quid de l’économie dans ce contexte de crise mondiale marqué par un renchérissement au quotidien des prix des denrées de consommation, donc du coût de la vie ?

Il est évident qu’il faudrait veiller à mettre  davantage le curseur du débat public sur ces questions vitales…

Les indicateurs économiques  actuels semblent peu reluisants  pour ce pays importateur net de produits alimentaires qui se paie le luxe d’une crise politico- sociale dans un contexte exacerbé par la crise ukrainienne.

Le pétrole et le gaz ne seront jamais la panacée et il faut rester vigilant et ouvrir les  yeux pour demeurer en alerte maximale.

webmaster

Author

webmaster

Up Next

Related Posts