Choix de la tète de liste nationale de la majorité au pouvoir Benno, le mal de tête

Jusque tard dans la soirée du vendredi, rien n’a filtré. Tout a été verrouillé jusqu’au plus petit détail. Le président de la coalition Benno Bokk Yaakar (Bby), Macky Sall n’a toujours pas dévoilé le nom de la tête de liste nationale. Alors que le 8 mai estla date limite pour le dépôt des dossiers de candidatures. En attendant les choix officiels de Bby, Momar Thiam, Docteur en communication et marketing politique liste les écueils auxquels faitface le Président et dresse le profil idéal de la tête de liste nationale.

Choix de la tête de liste nationale : «La désignation de la tête de liste nationale de Benno Bokk Yaakar (Bby) par le président de la République et non moins patron de la coalition est problématique.

La problématique, ce n’est pas le problème, mais ce qui pose problème. La première problématique pour le président de la République, c’est qu’on est à quelques jours pour ne pas dire quelques heures du dépôt des listes et la coalition qui est au pouvoir n’a toujours pas désigné la tête de liste qui va diriger les élections législatives.

Il faudrait que cette désignation intervienne toujours un peu plus tôt de manière à préparer les troupes, c’est-à-dire ceux qui vont sur la liste départementale et sur la liste nationale, de pouvoir s’entendre sur le déroulé de la campagne et surtout de parler d’une seule voix et d’avoir une unicité de langage, pour les éléments de discours qu’il va falloir tenir dans ces élections d’autant plus qu’ils sont dans une coalition.

Ce qui est encore problématique, c’est que dans nos démocraties à l’africaine et particulièrement celle sénégalaise qui souvent copie sur le déroulé démocratique à l’occidental et particulièrement français, la tête de liste, c’est l’apanage du Premier ministre.

On est dans une situation qui est assez bizarre politiquement parlant et institutionnellement parlant parce que le poste de Premier ministre vient d’être rétabli et le Président n’a pas jusque-là nommé un Premier ministre.

S’il ne désigne pas un Premier ministre, la désignation même de la tête de liste de la majorité devient un dilemme parce qu’une fois les élections gagnées, dans la pratique, même si ce n’est pas une obligation, c’est la tête de liste qui est propulsée Président de l’Assemblée nationale et défend au même titre que les députés, la politique du gouvernement.

C’est la raison pour laquelle, c’est le Premier ministre qui dirigeait les listes. Cette problématique revient comme un boomerang en face du président de la République et on est même en droit de penser que ça lui pose tellement problème qu’il a même dit que les noms qu’on lui propose ou les noms qu’il a en tête deviennent problématique pour lui parce que cette personnalité doit avoir une envergure nationale et aussi politique parce que l’hémicycle est très politique.

La troisième problématique, c’est que le président de la République, à partir du moment où il s’est séparé de certains lieutenants, de grosses pointures politiques comme Aly Ngouille Ndiaye, Mahammad Dionne, Makhtar Cissé, c’est quelque part réduire sa marge de manœuvre pour aller choisir une personnalité de haut rang pour diriger cette liste.

Cela étant, il n’y manque pas autour de la majorité, ne serait-ce qu’au sein de l’Alliance pour la république (Apr). On a parlé de Abdoulaye Diouf Sarr, de Amadou Bâ, même s’il est hors course. On a l’impression qu’il y a un jeu de yoyo entre lui et le président de la République qui préfère le caser quelque part comme étant le coordonnateur national ou celui qui va aller chercher les parrainages ou qui préside à cela.

Face à ces trois problématiques, qu’est-ce qui reste au Président ?

Il lui reste les personnalités autour de lui. Diouf Sarr s’est fait laminer aux dernières élections. Il a montré ses limites. Sa légitimité politique est entamée. Une certaine presse a parlé de son frère Aliou Sall, mais il a été battu à Guédiawaye et ça a aussi entamé sa légitimité politique. Pour Aminata Touré, à partir du moment où le Président l’a choisie pour piloter les opérations de parrainage, je ne pense pas qu’elle soit désignée comme tête de liste.»

«Le Président de la République a une marge de manœuvre étroite»

Profil idéal : «Le Président peut aller rechercher dans la société civile. Mais qui ? Les élections législatives sont très politiques. La personne doit avoir une envergure politique avec une base politique solide, un vécu politique assez intéressant en face de l’opinion, pour se faire écouter, pour se faire entendre.

Il peut aller chercher un Aymérou Gningue qui est le Président du groupe parlementaire de Bby, mais on pourra se demander aussi quelle est sa base politique ? Son poids politique dans l’opinion.

Est-ce qu’il pourra porter cette campagne avec la coalition derrière ?

Le Président peut aussi aller chercher quelqu’un qui est moins teinté politiquement, qui est atteint politiquement, qui peut-être par exemple un Mahammad Dionne.Il a été Premier ministre, directeur de cabinet de Macky Sall, qui a piloté le Plan Sénégal émergent en tant que ministre d’Etat en charge de ce programme, qui connaît très bien l’architecture gouvernementale et qui bénéficie quelque part d’une réputation d’homme d’Etat, peut-être une alternative. Mais, tout dépendra de l’analyse qu’en fera le président parce que depuis un moment, Mahammad Dionne est hors du circuit de l’Etat, on peut penser que cela peut-être un handicap.

Est-ce que lui-même voudra aussi être chargé de ce travail titanesque de diriger cette liste.

La tête de liste devra être très politique, imbu de la chose publique et maîtriser les dossiers de la gestion de la chose publique et avoir une certaine réputation bien faisante auprès de l’opinion pour être écouté et entendu dans le cadre de ces Législatives.»

L’option d’un allié : «Certains ont parlé de ses alliés mais chez les alliés on va chercher qui ?

Moustapha Niasse est plus proche de la retraite politique. Le Parti socialiste n’a pas une figure de proue comme feu Ousmane Tanor Dieng. Aminata Mbengue Ndiaye a été battue à Louga aux élections locales. On pense peut-être à Idrissa Seck, mais lui aussi est dans le même lot.

Il s’est fait laminer par Yewwi Askan Wi à Thiès. On a même parlé d’une fin de carrière politique pour lui, malgré ces tentatives de communication/explication pour justifier son ralliement à la majorité. Ses alliés sont essoufflés. Il va aller y chercher qui ? Ils sont plus dans la perspective de la succession de Niasse. Le président de la République a une marge de manœuvre étroite.»

Listes parallèles : «Si cette personne ne fait pas l’unanimité, quelles que soient les injonctions du président de la République, évidemment qu’il va y avoir des insoumis, des non-suiveurs et il va forcément y avoir des listes parallèles. Et cela va fragiliser Bby.»

  1. L’Obs (Codou Badiane)
Saphiétou Mbengue
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