Le marché Sandaga aura résisté au temps. Construit en 1935 (époque coloniale), il est localisé en plein centre-ville. Pendant près de 85 ans d’existence, les autorités ont fini par le raser complètement dans la nuit du 12 au 13 août 2021. Un an après, le chantier n’avance pas et la querelle ne s’est toujours pas estompée entre la collectivité territoriale de Plateau et la ville de Dakar.
Pour les besoins de la reconstruction du marché Sandaga, c’est la collectivité territoriale de Dakar-Plateau, dirigée par Alioune Ndoye, qui a été mise au-devant de la scène par les autorités. En effet, après le passage des bulldozers au mois d’août de l’année 2021, Abdou Karim Fofana, ministre de l’Urbanisme et de l’Hygiène publique d’alors, «s’affichait avec le maire de Plateau pour barrer la route à la ville de Dakar», soutenaient des travailleurs de la ville de Dakar.
Et, en étant le maître-d’oeuvre des travaux de reconstruction, l’Etat semblait trouver le meilleur argument pour prendre ses distances avec la ville de Dakar. A cette époque, faut-il le rappeler, c’est Soham El Wardini qui avait remplacé Khalifa Sall, révoqué par le Président Macky Sall. Perçue comme un «bras» de Khalifa Sall, les autorités avaient préféré mettre en selle Alioune Ndoye, par ailleurs, ministre des Pêches et de l’Economie maritime.
Seulement, rien n’a changé, puisque la ville de Dakar, à la suite des élections locales de janvier dernier, est encore tombée entre les mains d’un autre lieutenant de Khalifa Sall. Il s’agit de Barthélemy Dias. Et, même si aucun mur n’est pas encore sorti de terre depuis 2 ans, la guerre pour le contrôle du marché Sandaga est encore d’actualité.
«Nous revendiquons la légitimité pour le contrôle du marché Sandaga. Je voudrais rappeler que dès notre élection, nous avions trouvé au premier compte administratif de la ville, que tous les marchés des différentes communes ne rapportaient pas plus de soixante-dix millions à la ville. Ainsi, j’avais proposé sans succès au maire de la ville, de nous confier la gestion des deux principaux marchés du Plateau, avec l’engagement que seul Plateau lui assurerait ces soixante-dix millions », soutenait M. Ndoye.
Mieux, clamait-il, «avec l’acte 3, les équipements marchands de même que les infrastructures correspondantes, ont été dévolus aux communes qui les avaient, à l’exception du seul marché de Sandaga. Nous avions dénoncé cela dans la commission ad-hoc, mais aussi par plusieurs écrits. L’argument bancal qui nous avait été proposé, c’est que Sandaga n’était plus un marché puisque délocalisé au Champ de courses depuis 2016 et déclaré comme menaçant ruine après avoir subi deux incendies. Nous avons continué à porter ce combat sans l’accompagnement de la ville qui n’a jamais soutenu Plateau dans ses luttes, pour la sauvegarde du patrimoine historique.»
Une position qu’avait démontée l’ancienne mairesse de Dakar, qui n’avait pas hésité à rejeter la légalité de la commission ad hoc qui avait déjà été composée en 2013. Pour elle, cette commission était incompétente pour statuer sur le dossier en question, ajoutant que la capitale avait déchiré l’arrêté préfectoral actant ladite dévolution de Sandaga à la collectivité territoriale de Plateau.
Elu au mois de janvier dernier au poste de Maire de Dakar, Barthélemy Dias avait également signalé que la ville ne laissera pas le contrôle du marché Sandaga à Alioune Ndoye.
Réclamant la paternité de ce haut lieu de vente, il avait soutenu en pleine campagne pour les élections législatives que «Sandaga appartient à la ville de Dakar. On verra bien. Je ne fais rien dans l’illégalité, mais j’attends juste de voir une brique installée au niveau du marché.»
Comme quoi, c’est loin d’être la fin du long feuilleton relatif à la paternité du mythique marché Sandaga que se disputent et continuent de se disputer la collectivité de Dakar-Plateau et la ville de Dakar.
Le Vrai Journal