Avait-on besoin de placer l’opposant Bougane Guèye Dany sous mandat de dépôt pour restaurer l’autorité de la puissance publique ?
Nous disons Non !
Cette arrestation spectaculaire et maladroite place malheureusement notre vitrine démocratique sous les feux et spotlights incandescents de l’actualité internationale.
D’aucuns, plus extrémistes d’ailleurs pourraient dire que nous devenons l’air de rien la risée du monde.
Un peu comme lorsque le monde entier était resté pantois le jour où l’actuel Président de la République avait été mis sous les verrous …pour un banal post Facebook, mutandis mutandis (toutes choses étant égales par ailleurs).
Ce nouveau pouvoir a visiblement manqué de tact,de jugeote et surtout de sérénité pour avoir répondu aux provocations quelque part puériles d’un opposant en quête effrénée de visibilité et surtout de reconnaissance après avoir été congédié au stade fatidique du parrainage à maintes reprises.
Alors pourquoi tomber dans le panneau si l’on sait exactement que l’État dispose de leviers moins violents qu’un mandat de dépôt pour sanctionner un opposant à l’orée d’un scrutin législatif aussi important ?
Justement, c’est la symbolique de l’imminence de ce rendez-vous électoral qui rend cette arrestation grotesque et contre-productive. Clairement !
Son avocat Maître Elhadji Diouf a carrément avoué que Bougane avait dit aux forces de l’ordre : » Arrêtez-moi ! »
À quelles fins ?
À l’heure de la promotion des droits humains, de la liberté d’expression et de la liberté d’aller et venir, cette vitrine démocratique qu’on appelle le Sénégal n’avait pas besoin de cette mauvaise publicité.
Il est évident que ce Bougane Guèye Dany qui avait déjà exhibé son baluchon devant ses enfants pour déclarer urbi et orbi qu’il était prêt pour un éventuel séjour dans nos geôles était davantage dans la com’, la recherche du buzz hic et nunc et la provocation.
Eh bien,cette arrestation est du pain béni pour ce candidat aux législatives et toutes les composantes de la liste « Samm sa Kaddu « .
Le pouvoir se présente malgré lui comme une sorte de Directeur Marketing de ce produit politique quelconque qui cherche depuis plusieurs années à se mettre laborieusement en lumière.
Le Président Macky Sall, futé comme pas deux, ne lui avait jamais offert cette opportunité et ce plaisir sur un plateau d’argent.
L’actuel pouvoir vient d’en faire un héros voire un martyr.
Inespéré pour cet acteur économique iconoclaste qui peinait jusque-là à se frayer un chemin dans un landerneau politique sérieusement surveillé par un peuple exigeant souvent en avance sur les acteurs politiques.
Par Mamadou Lamine Diatta