Alioune Tine sur la situation au Mali «La défaillance des institutions accentue la menace d’attaques contre les civils par des groupes extrémistes»

Alioune Tine a soumis, ce mardi, lors de la 49e Session du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, ses conclusions sur la situation des droits de l’homme au Mali. Le Sénégalais, expert indépendant, a axé son propos autour de la crise sécuritaire et de la situation des droits de l’homme ainsi que des recommandations les plus urgentes à mettre en œuvre.

Alioune Tine a dressé un diagnostic assez sombre de «la crise sécuritaire et son impact sur la vie des populations civiles» au Mali. Selon l’expert indépendant, «la défaillance des institutions accentue la menace d’attaques contre les civils par des groupes extrémistes violents (…) et d’autres groupes similaires – ainsi que des individus armés non identifiés – dont le modus operandi s’apparente à celui des groupes extrémistes violents». Le Sénégalais avait vu venir, à l’issue de sa visite au Mali en août dernier, mettant en garde «contre la propagation rapide de la violence fragilisant et mettant en péril la survie même de l’État». Aujourd’hui, ces groupes «continuent de consolider leur présence et leur contrôle dans les localités de Gao, Ménaka et Tombouctou (au nord du Pays) et de Bandiagara, Douentza, Mopti, San et Ségou (au centre du pays), et d’étendre leurs activités dans les localités de Kita, Koulikoro, Koutiala et Sikasso (au sud du Mali)», constate-t-il, notamment. «Au regard des enjeux géopolitiques et géostratégiques qui se jouent au Mali, je reste préoccupé par leurs effets pervers sur la situation politique et sécuritaire au Mali et dans la sous-région», ajoute l’expert déplorant «le lourd tribut payé par les forces de défense et de sécurité maliennes»

La situation des droits de l’homme n’est guère reluisante d’après M. Tine. «Les groupes extrémistes violents ont continué à procéder à des assassinats ciblés, des enlèvements, des actes d’intimidation, des menaces de mort, l’imposition de taxes illégales (la Zakat), des activités criminelles liées à l’orpaillage illégal», dénonce-t-il. «Ainsi, le dernier rapport de la Division des droits de l’homme de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali (MINUSMA) indique que ces groupes sont responsables de près de 65% des cas de meurtres, de blessures et d’enlèvements de civils au cours du second semestre 2021.» M. Tine s’est également dit «gravement préoccupé par les allégations faisant état de violations sérieuses des droits de l’homme et du droit international humanitaire par les Forces de défense et de sécurité maliennes». L’Expert a souligné l’urgence de «mettre un terme au cycle infernal de l’impunité», s’attristant de «la mort en détention de l’ancien Premier ministre Soumeylou Boubèye Maïga, le 22 mars dernier», et regrettant que ses «alertes pour son évacuation médicale n’aient pas été entendues». Par ailleurs, il a déploré que «la récurrence inquiétante des cas de violences sexuelles et sexistes» faites aux femmes. Mais, l’expert s’est aussi inquiété de la «bombe sociale» que constitue l’accroissement du nombre d’écoles fermées en raison de l’insécurité.

Dans ses recommandations, Alioune Tine a mis l’accent sur la nécessité pour les autorités maliennes de lutter contre toute forme d’impunité. Il a appelé les groupes armés à cesser toutes les hostilités et attaques à l’encontre des civils. «Je recommande aux partenaires du Mali d’agir de sorte que le basculement géopolitique et géostratégique en cours ne puisse contribuer à l’aggravation des tensions politiques et de l’insécurité», lance M. Tine appelant la CEDEAO à lever les sanctions contre le Mali.

Vox Populi

Michel DIEYE

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