Aliou Niang Docteur en droit international économique : «Affaire Karim Wade : Condamnation politique et dénouement politique…»

Docteur en droit international économique et consultant international, Aliou Niang est d’avis que l’affaire Karim Wade est un dossier par essence politique, avec un soubassement politique, une condamnation politique et enfin un dénouement politique

Le dossier Karim Wade continue de susciter les débats surtout avec l’annonce faite par le Président Macky Sall à propos d’une loi d’amnistie concernant des citoyens qui ont perdu leurs droits civiques et politiques.

Et, c’est le Dr Aliou Niang, docteur en droit international économique et consultant international qui est monté au créneau pour clamer que le dossier de Wade-fils n’est rien d’autre qu’un dossier « par essence politique, avec un soubassement politique, une condamnation politique et enfin un dénouement politique ».

D’ailleurs, il s’est permis de se poser certaines questions sur l’affaire qui a mené à la condamnation de ce dernier. «Sur la liste des vingt-cinq personnes ciblées par la Cour de Répression de l’Enrichissement Illicite (CREI), Karim Wade n’était-il pas le seul poursuivi et condamné ? Quel autre dossier la CREI a-t-elle géré depuis qu’elle a été ressuscitée, à part le cas de Karim Meïssa Wade ? Combien l’Etat du Sénégal a-t-il récupéré au titre de l’enrichissement illicite sur le dossier Karim Wade ? Combien de nos maigres ressources ont été dépensées par l’Etat du Sénégal dans l’affaire Karim (honoraires Avocats, frais de voyage) ?», s’interroge Dr Aliou Niang.

Selon lui, ce sont autant de questions qui méritent d’être soulevées «pour justifier et expliquer le caractère arbitraire et politique de la poursuite, de la condamnation et de la privation de Karim Wade de ses droits civiques et politiques.»

Dans une contribution dont Le Vrai Journal a reçu copie, il ajoute : «Condamné définitivement à six ans de prison ferme pour enrichissement illicite et d’une amende de cent trente-huit milliards, deux cent trente-neuf millions, quatre-vingt-six mille, trois cent quatre-vingt-seize francs (138.239.086.396) FCFA par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), Karim Wade se voit ainsi priver de ses droits civiques et politiques en application de certaines dispositions pertinentes du Code électoral (arts.29, 30 et autres). Non sans dire que «le 24 juin 2016, Karim Wade fut libéré, gracié et exilé au Qatar. Lors du Conseil des Ministres du 28 septembre 2022, le Président de la République, Macky Sall, demande au Garde des Sceaux, Ministre de la Justice, d’examiner, dans les meilleurs délais, les possibilités et le schéma adéquat d’amnistie pour des personnes ayant perdu leurs droits de vote.»

«Quelle est la finalité de la sanction infligée à Karim Wade par la Crei ?»

A ce propos, Dr Niang signale qu’«en matière de répression de l’enrichissement illicite et de détournement de deniers publics, la sanction prononcée par une juridiction poursuit trois finalités parfois cumulatives. Lorsque la décision judiciaire est dénuée de ces finalités, à défaut, elle devient arbitraire, subjective ou politique.» Il défend que «premièrement, une sanction judiciaire dans le domaine précis, vise la réparation d’un préjudice subi. Par exemple, X a causé un préjudice à la société, le préjudice doit être réparé.

Deuxièmement, la sanction a une finalité pédagogique. Par exemple, X a causé un préjudice à la société, toute autre personne qui fera la même chose subira la même sanction.

La troisième et dernière finalité de la sanction est symbolique. Par exemple, X a causé un préjudice à la société, tant qu’il n’est pas sanctionné, il n’y’aura pas de développement ou de bonne gouvernance dans le pays.» Mais, fait-il savoir, «lorsqu’on analyse en profondeur la sanction prononcée à l’égard de Karim Wade, aucune trace de ces finalités n’apparaît dans le dossier.

En premier lieu, le préjudice qu’aurait subi la société du fait des agissements de Karim, n’a fait l’objet d’aucune réparation et en plus, le montant à recouvrer ou à rembourser par Karim Wade n’est jamais effectif.»

Mieux, clame-t-il, «en second et troisième lieu, après le cas Karim Wade, aucune personnalité politique qui gère des affaires publiques n’a été poursuivie devant une juridiction compétente en dépit de l’existence de nombreux collaborateurs du Président qui sont incriminés par les Institutions publiques de contrôle.»

Il rappelle que «l’extradition de Karim Wade au Qatar et la privation de ses droits civiques et politiques prouvent à suffisance que c’est sa présence dans l’arène politique sénégalaise qui constitue une menace pour les nouveaux dirigeants au lendemain de leur accession au pouvoir en 2012.»

Le spécialiste en droit économique international n’a pas manqué de revenir sur les multiples victoires remportées par Karim Wade sur le plan international, contre l’Etat du Sénégal. Ce qui lui fait dire que «l’instrumentalisation de la CREI pour liquider un jeune adversaire politique n’a fait que jeter le discrédit sur la justice sénégalaise, dernier rempart dans une démocratie »

L VJ

 

Saphiétou Mbengue
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