Alerte de la FAO : Les infections résistantes aux médicaments menacent de devenir la prochaine pandémie.

Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens 2020: La FAO émet des recommandations pour freiner la propagation du danger des bactéries multirésistantes

Face à la résistance aux antimicrobiens, qui augmente dramatiquement et menace de causer la prochaine pandémie, et comporte des implications de dimension mondiale pour la santé, les systèmes agroalimentaires et les économies, la FAO invite les acteurs de tous les secteurs, des agriculteurs aux cuisiniers, des producteurs aux consommateurs, à intensifier leurs efforts afin d’empêcher la propagation des microbes résistants aux médicaments.

En cette Semaine mondiale pour un bon usage des antimicrobiens (18-24 novembre), l’Organisation, qui tient à rappeler que chacun a un rôle à jouer dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens, notamment les acteurs des secteurs de l’alimentation et de l’agriculture, présente des recommandations destinées à freiner la propagation de la résistance aux antimicrobiens.

« La résistance aux antimicrobiens se définit comme la capacité des microbes à persister ou se développer en présence de médicaments conçus pour les inhiber ou les neutraliser. Ce phénomène est accéléré par l’utilisation d’antimicrobiens conçus pour éliminer les agents pathogènes indésirables présents chez les humains, les animaux et dans les cultures. L’utilisation d’antimicrobiens dans les soins de santé prodigués aux humains et aux animaux alimente particulièrement cette résistance », informe un communiqué de la FAO..

Les maladies résistantes aux médicaments causent désormais quelque 700 000 décès par an. On constate une augmentation de l’incidence de maladies courantes, notamment des infections des voies respiratoires, des infections sexuellement transmissibles et des infections urinaires, devenant plus difficiles à traiter. De manière croissante, la résistance aux médicaments met en péril nos systèmes agroalimentaires et la sécurité alimentaire mondiale.

La pandémie du COVID-19 nous a fait toucher du doigt les liens d’interdépendance, plus étroits que jamais, entre santé humaine, santé animale et santé de l’environnement. Les agents pathogènes qui touchent une région peuvent exacerber les problèmes que connaissent d’autres régions et conditionner fortement la manière dont nous assurons la prévention sanitaire et luttons contre ce qui met en péril la santé dans le monde. La résistance aux antimicrobiens, qui constitue l’un de ces périls d’échelle mondiale, peut s’avérer plus dangereuse encore que le COVID-19. Elle modifie en profondeur les données du vivant que nous connaissons.

«Tout comme la pandémie du COVID-19, le péril que représente la résistance aux antimicrobiens ne se situe plus dans un futur hypothétique. Il se manifeste ici et maintenant, et nous touche tous», a déclaré la Directrice générale adjointe, Mme Maria Helena Semedo. «Dans le monde entier, des personnes, des animaux et des végétaux périssent déjà des suites d’infections qui ne peuvent plus être soignées, même avec les traitements antimicrobiens les plus puissants dont nous disposons. Si la résistance aux antimicrobiens n’est pas maîtrisée, la pandémie à laquelle nous serons confrontés après celle-ci pourrait être d’origine bactérienne, et s’avérer bien plus mortelle si les médicaments nécessaires pour la soigner s’avèrent sans effets», a-t-elle ajouté.

Le travail de la FAO sur la résistance aux antimicrobiens est mené en coordination avec l’OMS et l’OIE, selon l’approche «Un monde, une santé».

La résistance aux antimicrobiens dans l’alimentation et l’agriculture

Les secteurs de l’alimentation et de l’agriculture sont appelés à occuper un rôle central dans la lutte contre la résistance aux antimicrobiens. Dans de nombreuses régions du monde, le recours aux antimicrobiens est beaucoup plus important sur les animaux que dans les soins de santé humaine, et progresse rapidement avec la croissance démographique et l’augmentation de notre demande alimentaire mondiale.

Dans sa propagation, la résistance aux antimicrobiens prend de vitesse les scientifiques qui mettent au point de nouveaux antimicrobiens et menace les systèmes alimentaires, la sécurité alimentaire, la sûreté sanitaire des aliments, les systèmes de santé et les économies du monde entier. Notre unique recours face à cela est d’adopter une stratégie qui conserve leur efficacité aux antimicrobiens dont nous disposons. Il n’est pas trop tard, mais le temps presse pour éviter de plus amples ravages, a averti la FAO aujourd’hui.

Le 23 novembre, cet organisme des Nations Unies créera une nouvelle communauté de spécialistes de l’évolution des comportements, dont la vocation sera de concevoir des solutions qui rendent plus facile à chacun une utilisation appropriée des antimicrobiens, qui garantisse une prévention efficace des maladies. Cette communauté de spécialistes, où des agriculteurs et d’autres acteurs de la filière alimentaire, des vétérinaires, des épidémiologistes, des experts de la résistance aux antimicrobiens et des spécialistes des sciences du comportement contribueront à la richesse des points de vue, s’emploiera à infléchir les comportements, tant au niveau des exploitations agricoles qu’à celui de l’action publique, en vue de ralentir la propagation de la résistance aux antimicrobiens.

Oumou Khaïry NDIAYE
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