Trois mois après la disparition du Sergent Didier Badji et la mort non encore élucidée de Fulbert Sambou, les habitants des îles du Bliss Kassa dans le département de Bignona sont revenus à la charge pour que la lumière soit faite sur cette histoire. Prudence Diédhiou, une des proches de la famille prenant part à une manifestation, le week-end passé, a brisé le silence.

«On est resté des mois sans rien savoir dans cette affaire qui a fini par traumatiser toute une communauté. On ne peut pas admettre tout ce qui se dit dans la presse. Tous les deux ne peuvent pas trahir leur serment. Ils ont passé plus de quinze années dans le même service et ja­mais ils n’ont eu de problèmes. Ils sont très réservés. Ils sont nés devant moi et ils ne sont partis que pour aller travailler à Dakar», a témoigné celle-ci.

Lors de cette rencontre, des sages, des femmes du bois sacré, des jeunes, des proches de Didier et Fulbert se sont offusqués du sort qui leur a été réservé, de l’attitude de l’État. Quant à la thèse de la noyade, elle a été balayée d’un re­vers de la main par les proches des deux sol­dats.

«On a trouvé le corps de Fulbert. Ils disent qu’il s’est noyé. Mais, on n’est pas convaincus par cette hypothèse qui ne peut pas prospérer. Jusqu’à maintenant on ne peut pas oublier cette affaire. Car, Didier reste introuvable et l’Etat reste muet. Il ne nous dit rien. S’il est mort qu’il nous rende au moins le corps pour qu’on puisse faire notre deuil comme on l’a fait avec notre jeune frère, Fulbert», a souligné Prudence Dié­dhiou. «Cette attente est trop pesante et lourde. Car, on n’a plus d’espoir. Mais, l’amertume commence à gagner nos cœurs. Même si des animaux sont à votre service, quand ils meurent vous aurez de la compensation pour eux. Ce silence de l’Etat face à ce drame nous fait trop mal. Ces deux agents de l’armée qui ont servi leur pays ne méritent pas ce traitement».

Des affirmations qui semblent faire l’unanimité. «Comment peuvent-ils mourir dans ces conditions et pourquoi le corps de Didier reste introuvable. Il y a des non-dits dans cette affaire. Où est notre frère Didier Badji ? On n’a plus d’espoir de le retrouver en vie. Mais, on veut sa­voir la vérité et passer à autre chose. Parce que c’est la première fois que notre village est confronté à une telle situation ? On peut comprendre certains accidents ou certaines morts. Mais cette affaire transcende beaucoup de choses. On a deux frères qui sont disparus dans des conditions très opaques. On retrouve le corps de l’un dans un état déplorable. Le corps de l’autre reste introuvable. Le plus grave on les accuse d’être des taupes. Et des gens osent dire sur des plateaux de télévision qu’ils ont été assassinés. Nous ne croyons pas en leurs thèses. C’est pourquoi nous réclamons une enquête impartiale. On ne peut pas évacuer la responsabilité de l’Etat du Sénégal. C’est un manque de volonté manifeste. Nous alertons toutes les organisations citoyennes pour que justice soit rendue. L’armée, la gendarmerie et l’Etat,, nous les pousserons à bout pour qu’ils se prononcent», a-t-elle lancé.

Lors de cette rencontre les populations ont lancé un ultimatum à l’Etat du Sénégal pour que la lumière soit faite sur cette affaire et que le corps de Didier Badji soit rendu à la famille pour des funérailles pour que son âme puisse reposer en paix.

Vox