Abus massifs dans les entreprises sénégalaises : L’ONG ADHA veut une réforme urgente pour protéger les droits des jeunes travailleurs

L’ONG Action pour les Droits Humains et l’Amitié (ADHA) souhaite attirer l’attention des autorités compétentes et de l’opinion publique sur les graves manquements observés en matière de respect des droits du travailleur au sein des entreprises, affectant particulièrement la jeunesse sénégalaise.

 

Selon les dernières données du Bureau International du Travail (BIT), près de 42 % des jeunes employés dans les entreprises nationales subissent des conditions de travail non conformes aux dispositions du Code du Travail sénégalais.

Selon son communiqué parvenu à www.lactuacho.com Ces violations incluent des heures supplémentaires non rémunérées, des contrats précaires, et l’absence de congés payés. En effet, ces pratiques contreviennent à l’article 140 du Code du Travail, qui dispose que « l’employeur doit assurer au salarié des conditions de travail respectueuses de sa dignité et de sa santé ».

 

Des enquêtes menées par l’Inspection Générale du Travail révèlent que 30 % des entreprises nationales ne versent pas les cotisations sociales déduites des salaires des jeunes employés. Cette violation directe de l’article L. 243-1 du Code de la Sécurité Sociale expose les jeunes travailleurs à des risques sociaux majeurs, notamment en matière de retraite et de couverture santé.

 

C’est en ce sens que ADHA souligne la limitation de l’action des inspecteurs du travail, due à une législation devenue obsolète. En 2023, seulement 25 % des plaintes déposées par des jeunes travailleurs ont fait l’objet d’une enquête approfondie. Ce taux inquiétant s’explique par un effectif insuffisant : on ne compte qu’environ 150 inspecteurs du travail, un chiffre très insuffisant au regard des normes internationales, qui recommandent un inspecteur pour 20 000 travailleurs.

 

« Il a été observé que plus de 20 % des chefs d’entreprise impliqués dans des affaires de violations du droit du travail sont également engagés dans des activités politiques, utilisant leur influence pour échapper aux sanctions. Cette situation constitue une entorse grave aux principes d’égalité devant la loi, tels que stipulés dans la Constitution sénégalaise. » Se désole ADHA

 

Fort de ce constat, Action pour les Droits Humains et l’Amitié recommande vivement :

 

  • Audit de la Direction du Travail : un audit complet de la Direction du Travail par les corps de contrôle compétents, afin de mettre en lumière les dysfonctionnements internes et proposer des réformes structurelles.
  • Revalorisation des Inspecteurs : Il est impératif de revaloriser les salaires des inspecteurs du travail et d’augmenter leur nombre de manière significative. Une augmentation de 50 % du nombre d’inspecteurs est préconisée, afin d’atteindre un effectif de 500 inspecteurs d’ici 2025.
  • Inspections Régulières : Des inspections trimestrielles dans les entreprises nationales et internationales sont nécessaires pour garantir le respect des normes du travail. Ces inspections doivent être accompagnées de sanctions dissuasives en cas de non-respect.
  • Promotion des Bonnes Pratiques : Enfin, ADHA encourage la création d’un label national de « Responsabilité Sociale des Entreprises » pour récompenser les entreprises respectueuses des droits de leurs employés.

 

Enfin Action pour les Droits Humains et l’Amitié invite les autorités à prendre des mesures immédiates pour remédier à ces graves défaillances et protéger les droits des jeunes travailleurs sénégalais.

« Lutter efficacement contre la migration irrégulière revient à changer de paradigme, et ce changement commence par une révision de  la législation et par un respect strict du droit du travail dans l’environnement des entreprises. »

Momar Diack SECK
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