Ce qui se passe dans certaines régions d’Afrique, avec des élections présidentielles débouchant sur des résultats contestés, des coups d’État, ou encore l’exil de candidats qui, de l’extérieur, ne peuvent qu’élever la voix, est une véritable honte continentale.
Rendons grâce à Dieu d’avoir jusqu’ici épargné le Sénégal de telles dérives, et continuons de croire que la démocratie nécessite une fortification permanente.
L’élite africaine doit cesser de penser que sa mission historique consiste uniquement à diriger. Elle doit comprendre que la démocratie n’est pas un simple jeu de chaises musicales entre élites.
En vérité, notre continent a besoin d’hommes et de femmes d’État, non d’hommes et de femmes dans l’État, occupés à servir une minorité sans empathie. Il ne s’agit pas d’une nuance de style, mais d’une différence de fond.
C’est dans ce contexte que j’ai lu le post d’un élu local écrivant :.« J’aspire à être un homme d’État. »
Une phrase forte, inspirante, mais surtout exigeante.
Sans prétention aucune ,voici, à mon sens, les valeurs fondamentales qui doivent guider celles et ceux qui aspirent réellement à être des hommes et des femmes d’État :
- Aimer profondément son pays
L’amour de la Nation doit précéder toute ambition personnelle. Il doit guider chaque décision.
- Avoir un sens profond des responsabilités
Être responsable, c’est assumer pleinement ses actes, ses choix et leurs conséquences. C’est la rigueur morale, la fidélité à la parole donnée, la capacité à rendre des comptes et la discipline intérieure qui demeure même à l’abri d’un regard extérieur.
- Respecter l’éthique républicaine
L’État n’est pas un patrimoine privé. Il ne se gouverne ni dans l’ombre, ni pour une minorité, mais au service du bien commun.
- Placer l’intérêt général au-dessus des intérêts particuliers
Toute décision publique doit s’ancrer dans la recherche du bien-être collectif.
- Cultiver la vérité et la transparence
La confiance des citoyens ne se gagne que par la clarté, la sincérité et la cohérence des actes.
- Défendre la paix sociale comme un bien sacré
La stabilité du pays prime sur les ambitions individuelles. Elle est la condition du progrès.
- Reconnaître la dignité de chaque citoyen
Aucun peuple ne progresse durablement lorsque certains sont invisibilisés ou méprisés.
- Faire preuve d’humilité face au pouvoir
L’humilité concerne la façon d’exercer l’autorité : écouter, apprendre, reconnaître ses limites. Le pouvoir est un service, jamais un privilège.
- Préparer l’avenir plutôt que les échéances électorales
Un homme d’État pense dans la durée, non en cycles électoraux.
- Valoriser le travail, la compétence et le mérite
Le favoritisme et la médiocrité ont toujours affaibli les nations.
- Garantir la justice pour tous
Sans justice, la démocratie se vide de son sens et l’État perd sa légitimité.
- Refuser la manipulation des institutions
Un homme d’État protège les règles du jeu républicain, il ne les tord jamais à son avantage.
- Comprendre et accepter que le respect d’une volonté exprimée par un peuple n’est pas négociable
La volonté souveraine d’un peuple doit être respectée sans conditions, sans calculs et sans interprétation opportuniste. Elle s’applique pleinement, parce qu’elle est la base même de la démocratie.
- Savoir partir avec honneur
La grandeur d’un dirigeant se mesure autant à ce qu’il construit qu’à la manière dont il quitte le pouvoir.
L’Afrique a besoin d’hommes et de femmes d’État.
Pas de gestionnaires du pouvoir.
Pas d’occupants de fonctions.
Mais de bâtisseurs de destinées collectives.
Par Papa Abdoulaye Seck


