RDC – Projet routier Kinshasa-Matadi : la famille d’un ministre impliquée dans un contrat de 70 millions de dollars

Une enquête menée par la Plateforme de Protection des Lanceurs d’Alerte en Afrique (PPLAAF) et publiée en partenariat avec Actualité.CD, De Standaard, Le Soir et l’OCCRP, met en lumière de graves soupçons de corruption autour du projet d’autoroute reliant Kinshasa à Matadi en République Démocratique du Congo (RDC).

Selon les révélations de PPLAAF, la famille du ministre congolais de l’Aménagement du territoire, Guy Loando, détenait des parts dans une société privée, SIC, ayant obtenu pour 70 millions de dollars de sous-contrats liés au projet routier. Ces contrats, jugés fortement surévalués, ont suscité l’inquiétude de l’Inspection générale des finances (IGF), qui a recommandé dès 2021 des poursuites pour détournement de fonds publics.

Le projet, d’un montant total de 514 millions de dollars, repose sur un modèle de partenariat public-privé de type BOT (construction-exploitation-transfert). L’entreprise chinoise SOPECO, principal partenaire du gouvernement congolais depuis 2008, bénéficie d’une grande liberté dans le choix de ses sous-traitants, ce qui, selon les observateurs, ouvre la porte à des pratiques opaques. SOPECO est dirigée par l’homme d’affaires chinois Cong « Simon » Maohuai, proche de l’ancien président Joseph Kabila et mentor revendiqué de Guy Loando.

En 2019, SIC remporte un contrat de 25 millions de dollars à peine un mois après sa création, alors qu’elle comptait parmi ses actionnaires une entreprise familiale liée à Loando. Ce dernier nie toute implication personnelle et assure ne pas être actionnaire, malgré des documents attestant de la participation de ses proches.

Pour Jimmy Kandé, directeur régional de la PPLAAF pour l’Afrique de l’Ouest, l’affaire illustre l’absence de contrôle effectif de l’État et souligne l’urgence de lutter contre l’impunité. « La corruption ici ne prive pas seulement le pays de ressources, elle empêche aussi les citoyens d’accéder aux services essentiels », a-t-il déclaré.

À ce jour, ni Guy Loando ni Simon Cong n’ont été inquiétés par la justice congolaise.

Momar Diack SECK
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