Coin D’histoire – Ax Nen Ten Quand l’Égypte parlait Seereer – Par Babou Biram Faye, journaliste et héritier des traditions seereer

Bien avant les grandes religions révélées, un roi égyptien du nom d’Akhenaton bouleversa l’ordre établi en imposant le culte d’un DIEU unique. Cette révolution spirituelle, bien connue des égyptologues sous le nom d’hérésie amarnienne, marque une rupture historique dans le panthéon de l’Égypte ancienne. Mais ce que l’Histoire officielle n’ose pas toujours explorer, c’est le lien profond entre cette réforme monothéiste et les langues et spiritualités d’Afrique noire, notamment celles du peuple Seereer.

Un Nom Qui Parle Seereer Ax Nen Ten

Les Grecs, comme souvent, ont déformé le nom originel du Pharaon pour l’écrire Akhenaton. Mais en langue Seereer, ce nom prend tout son sens Ax Nen Ten signifie Sa semence, où ça renvoie à Roog Sen, le DIEU unique, créateur et omniprésent dans la spiritualité seereer. Une sémantique claire et puissante, qui s’aligne parfaitement avec la doctrine d’Akhenaton, fondée sur la foi en une essence divine universelle, invisible et rayonnante.

Le Culte D’Aton Et La Réforme Spirituelle

Akhenaton, né Amenhotep IV (-1353 à -1336 av. J.-C.), impose durant son règne un changement radical le rejet des divinités multiples au profit d’Aton, le disque solaire, manifestation visible de l’unique Dieu. Il fonde une nouvelle capitale, Akhetaton (aujourd’hui Tell el-Amarna), dédiée à ce culte solaire. Des chercheurs comme Jan Assmann ou James Henry Breasted ont souligné la profondeur mystique de cette réforme l’homme n’avait plus accès direct à DIEU que par sa lumière. On ne pouvait le représenter. On ne pouvait que s’en approcher par la vérité, la justice (Maât) et l’élévation spirituelle. Cette vision rappelle fortement la théologie seereer Roog Sen n’est jamais représenté, ne parle pas directement, mais se manifeste à travers les Pangool, esprits ancêtres, intermédiaires sacrés entre le monde visible et l’invisible.

Et Nefertiti Elle Aussi Parlait Seereer

La célèbre épouse du Pharaon, connue sous le nom grec de Nefertiti, porte un nom qui serait également d’origine Seereer Nen o fer ti ti, ce qui signifie belle comme une perle. Ce surnom, profondément poétique, est typique des tournures affectives de la langue seereer pour exalter la beauté féminine et la noblesse intérieure. Ce rapprochement linguistique vient encore renforcer l’idée que cette époque pharaonique baignait dans une spiritualité partagée avec l’Afrique subsaharienne.

Les Seereer, Gardiens Du Temple

Selon certaines traditions orales encore vivantes au Sénégal, les Seereer étaient considérés comme des gardiens des savoirs anciens, voire du Temple, à l’époque d’Ax Nen Ten. S’il n’existe pas encore de preuve écrite directe, l’égyptologue Cheikh Anta Diop a démontré, à travers l’étude des langues, des lignées royales, des rites et de l’anthropologie, que les peuples d’Afrique noire, notamment ceux du bassin sénégambien, étaient historiquement connectés à la civilisation de Kemet (Égypte ancienne).

On retrouve dans les rituels seereer (rites d’initiation, cosmogonie, culte des ancêtres, usage du sel sacré et du millet) des éléments similaires à ceux des prêtres d’Héliopolis. La notion d’un Dieu inaccessible mais présent partout, central dans la doctrine d’Akhenaton, était depuis longtemps une évidence pour les Seereer

Une Foi Qui N’a Pas Attendu La Révélation

Lorsque les Arabes sont arrivés en Afrique de l’Ouest, ils furent surpris de rencontrer des peuples qui connaissaient déjà l’idée d’un Dieu unique. Les Seereer n’avaient pas besoin d’un livre pour croire en Roog Sen leur foi se transmettait par la mémoire, la parole, les gestes et les chants. Les missionnaires ont trouvé un peuple dont les racines spirituelles étaient plus anciennes que leurs dogmes.

Comme Le Disent Certains Anciens

Nous avons appris aux Juifs, qui ont appris aux Arabes. Une chaîne de transmission souvent oubliée, mais essentielle pour réconcilier l’Afrique avec son génie propre. Redonner à l’Afrique sa mémoire spirituelle Rétablir le nom Ax Nen Ten et sa signification originelle, c’est bien plus qu’une démarche linguistique c’est une réappropriation historique.

C’est replacer l’Afrique au cœur des civilisations spirituelles. C’est comprendre que le monothéisme n’est pas né dans le désert, mais sur les rives fertiles du Nil et dans les forêts sacrées du Sine. Les Seereer, comme d’autres peuples noirs, n’ont pas attendu d’être évangélisés. Ils ont, au contraire, contribué à la construction de cette foi invisible et pure, qu’ils continuent de transmettre avec fierté et humilité.

Babou Biram Faye

Journaliste communicant,

descendant du Roi Sanemone Faye,

gardien des mémoires du Sine

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