Alors que le député Guy Marius Sagna a déposé une proposition de mise en accusation contre l’ancien président Macky Sall pour haute trahison, fondée sur les révélations accablantes du rapport de la Cour des comptes, la réaction de Yoro Dia, ancien conseiller en communication et fidèle parmi les fidèles de Macky Sall, n’a pas tardé. Fidèle à son style ironique, il a choisi de tourner en dérision une initiative grave et profondément républicaine.
« Macky Sall a beaucoup de chance. L’agenda de Vendetta Systémique de Pastef le maintient au coeur de la vie politique un an après. ‘Ne faut jamais interrompre un adversaire qui se trompe’. Haute trahison pour déficit public, donc la guillotine pour Macron et Biden. Le ridicule ne tue pas », a-t-il lancé, dans une tentative de minimiser la portée du dossier.
Mais en vérité, ce qui est ridicule, ce n’est pas la démarche d’un député qui se fait le relais d’une exigence de vérité et de justice. Ce qui est ridicule, c’est de faire la moue devant des faits graves, documentés par la Cour des comptes, une institution républicaine dont l’intégrité ne souffre d’aucun doute. Ce qui est ridicule, c’est de se moquer de la volonté de restaurer l’État de droit dans un pays longtemps secoué par les pratiques opaques d’un régime que Yoro Dia continue de défendre bec et ongles.
L’homme de communication semble avoir oublié une vérité fondamentale : ce pays, qu’il a servi sous les ors de la République, attend aujourd’hui des comptes. La justice n’est pas un outil de vendetta mais un pilier fondamental de la démocratie. La mise en accusation proposée ne vise pas Macky Sall en tant qu’individu, mais l’ancien chef d’État dans l’exercice de ses fonctions. Si les faits reprochés sont faux, qu’ils soient démontrés et démentis devant les juridictions compétentes. Mais les railleries ne sauraient remplacer les arguments juridiques.
Il est regrettable qu’un homme aussi expérimenté que Yoro Dia choisisse la moquerie là où le pays attend du sérieux. Le patriotisme ne consiste pas à défendre un homme, aussi proche soit-il, contre vents et marées, mais à défendre la République, ses institutions et les deniers publics.
La balle est désormais dans le camp de l’Assemblée nationale. Il reviendra aux députés de démontrer, par leur vote, s’ils sont au service du peuple ou des intérêts d’un clan. En attendant, les rires moqueurs ne masqueront ni les détournements présumés, ni les souffrances d’un peuple trahi.
Par Dénango Sarré Maïssa Gaye
– daon@live.fr – Montpellier, 16 Avril 2025