Rapport de la Banque mondiale : la baisse des prix des matières premières prévue jusqu’en 2026 malgré des risques géopolitiques

Selon le dernier rapport Commodity Markets Outlook de la Banque mondiale, les prix des produits de base devraient connaître une baisse marquée jusqu’en 2026, influencés par un excédent historique de l’offre pétrolière. Cette surabondance est jugée si significative qu’elle atténuerait potentiellement les répercussions d’un conflit plus large au Moyen-Orient. Malgré cette tendance à la baisse, les prix des matières premières resteront environ 30 % plus élevés qu’avant la pandémie de COVID-19.

En 2025, la production mondiale de pétrole devrait surpasser la demande de 1,2 million de barils par jour en moyenne, un excédent inégalé depuis les confinements de 2020 et la crise de 1998. Cette situation est partiellement due à un ralentissement de la demande en Chine, où la production industrielle s’essouffle et les ventes de véhicules électriques augmentent. De plus, la production de plusieurs pays non-membres de l’OPEP et de ses alliés (OPEP+) est en hausse, tandis que l’OPEP+ elle-même dispose de réserves significatives de 7 millions de barils par jour, soit presque deux fois le niveau de 2019.

Les prévisions pour la période 2024-2026 indiquent une baisse globale de 10 % des cours des produits de base, accompagnée d’une diminution des prix alimentaires de 9 % en 2024 et de 4 % supplémentaires en 2025. Cependant, ces prix resteront environ 25 % au-dessus de la moyenne enregistrée entre 2015 et 2019. Pour l’énergie, un fléchissement de 6 % est attendu en 2025, suivi d’une baisse de 2 % l’année suivante. Cette évolution pourrait faciliter la tâche des banques centrales pour maîtriser l’inflation, bien qu’une intensification des conflits puisse compromettre ces efforts en perturbant les approvisionnements et en renchérissant les coûts de l’énergie et des denrées alimentaires.

Indermit Gill, économiste en chef et vice-président senior de la Banque mondiale, souligne que la baisse des prix pourrait amortir les chocs géopolitiques, mais resterait insuffisante pour atténuer l’impact de la hausse persistante des prix alimentaires dans les pays en développement. En 2024, plus de 725 millions de personnes souffraient d’insécurité alimentaire due aux prix élevés, aux conflits et aux événements climatiques extrêmes.

En 2025, le prix moyen du baril de Brent pourrait chuter à 73 dollars, son niveau le plus bas en quatre ans. Cependant, en cas d’intensification des conflits au Moyen-Orient, une réduction de l’offre mondiale de 2 % pourrait faire grimper les prix à un pic de 92 dollars le baril, avant un retour à une moyenne de 84 dollars grâce à l’ajustement de la production par d’autres pays producteurs.

Ayhan Kose, économiste en chef adjoint de la Banque mondiale, estime que l’économie mondiale est mieux préparée à faire face à un éventuel choc pétrolier. Il ajoute que la baisse des prix des matières premières représente une occasion pour les pays en développement de réduire les subventions aux combustibles fossiles et d’accompagner les efforts de maîtrise de l’inflation.

Le rapport souligne aussi que le prix de l’or, considéré comme une valeur refuge, devrait atteindre un niveau record cette année, avec une hausse de 21 % par rapport à 2023. Les prix des métaux industriels devraient rester stables jusqu’en 2026, soutenus par la transition énergétique, bien que des variations imprévues de la croissance chinoise pourraient influencer ces marchés.

Un volet spécial de l’analyse explique la synchronisation des prix des produits de base pendant la pandémie, révélant que des hausses simultanées ont contribué à l’inflation mondiale et au ralentissement économique. Cependant, depuis 2023, cette synchronisation a diminué, signalant une possible diversification des tendances à venir.

 

Momar Diack SECK
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