Gestion de l’eau au Sénégal : faut-il mettre fin à la privatisation ?

Dans un récent rapport, l’Organisation des Nations-Unies a fait savoir que seul un Africain sur quatre a accès à l’eau. Cette situation risque de se dégrader compte tenu de plusieurs facteurs. Au-delà d’un manque de financement criard pour trouver des solutions à la distribution structurelle de l’eau, se pose avec acuité la question des changements climatiques. Au Sénégal particulièrement, la distribution de l’eau continue de connaitre des difficultés au point de soulever la problématique d’une gestion souveraine de cette ressource vitale pour la vie et la survie. Le Vrai Journal

Depuis l’éclatement en 1996 de la Société nationale d’exploitation des eaux du Sénégal (Sones) en deux entités, le Sénégal a traversé plusieurs zones de turbulence dans la distribution normale de l’eau. En effet, cette gestion est présentée depuis cette date comme un partenariat public privé (PPP).

Avec la Sénégalaise des eaux (Sde) qui a bénéficié d’une reconduction permanente du contrat d’affermage jusqu’en 2018. Avec de gros efforts consentis dans ce secteur vital, la distribution, bon an mal an, s’est considérablement améliorée. Un succès d’une gestion privée de l’eau ?

En tout cas, des institutions financières comme la Banque mondiale (Bm) et le Fonds monétaire international (Fmi) ont toujours encouragé la privatisation de l’eau. Une approche qui n’est pas totalement partagée, puisque pour nombre de techniciens et de personnalités des pouvoirs politiques, la gestion de l’eau relève d’une question de souveraineté.

Au Sénégal, malgré la privatisation dans la distribution de l’eau, force est de rappeler que dans le cas de l’affermage, l’autorité remet les ouvrages nécessaires pour l’exploitation à l’entreprise, contre une redevance destinée à l’amortissement des investissements réalisés.

En clair, le «fermier» se fait rémunérer par les clients-usagers. D’ailleurs, indiquent des écrits visionnés par le ‘’Le Vrai Journal’’, «jusqu’à présent, les ouvrages ont été largement financés par la Sones, société publique en charge des infrastructures, soutenue en grande partie par l’État sénégalais et surtout par les Institutions financières internationales et d’autres bailleurs, comme les agences de développement européennes. Paradoxalement, les financements de ces dernières ont pour condition la privatisation totale ou partielle du service de l’eau.» Des experts appellent à une gestion souveraine

Ce qui a poussé des experts à affirmer que «le contrat d’affermage est donc un serpent qui se mord la queue : les Etats contractent des emprunts et financent des infrastructures, privatisent un service public pour avoir accès à des programmes de coopération, et la société privée, qui est la face visible du service pour les usagers, en assure la gestion et en récolte des dividendes.»

L’expérience avec la Sénégalaise des eaux (Sde) jugée bonne ou moins bonne, semble n’avoir pas donné aux autorités la véritable ligne de conduite à adopter. Car, la distribution de l’eau est devenue plus problématique depuis la rupture du contrat avec la Sde au profit de Suez.

Cette multinationale, tout en créant une société de droit sénégalais connue sous le nom de Sen’Eau, n’est pas venue pour mieux arranger la bonne distribution de l’eau, sa bonne gestion tout en allant dans le sens d’un investissement conséquent. D’ailleurs, à son arrivée au Sénégal, des associations de défense des consommateurs n’avaient pas manqué d’émettre des réserves par rapport à des perturbations dans la distribution et une cherté des factures.

Apparemment, le temps leur a donné raison. L’eau manque dans nombre de quartiers de Dakar surtout, sans parler du coût élevé des factures. Aussi, le 9ème Forum mondial de l’eau qui s’est ouvert à Dakar ce lundi, devrait aller dans le sens d’apporter des solutions durables. Et, pour nombre d’experts qui évoluent dans ce secteur, la meilleure des solutions surtout pour le Sénégal, n’est autre que de marcher en direction d’une gestion souveraine de l’eau.

Ce n’est pas tout, puisqu’ils préconisent une réflexion sous-régionale et régionale pour capter des financements afin de résorber le gap entre les populations urbaines et les populations rurales. Plusieurs pays l’ont compris : la guerre du 21ème siècle risque d’être la guerre pour la gestion et la préservation de l’eau. Pour cela, sa gestion doit être une question de…souveraineté !

Le Vrai Journal

Dieyna SENE
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