Suicide d’Abdou Faye au Commissariat : La famille rejette cette thèse, un «mort de trop» pour Guy Marius, la Raddho actionne le procureur

La thèse du suicide soutenue par le Commissariat central après le décès d’un des complices de Boy Djinné mercredi dernier est totalement rejetée par la famille de la victime. En conférence de presse hier jeudi, le père de Abdou Faye déclare que des traces de sang ont été retrouvées sur le corps de son défunt fils.

Ce qui, selon lui, prouve qu’il a subi des châtiments corporels suffisants pour réclamer une autopsie. Même si la police a préféré garder le silence dans cette affaire qui fait l’objet de vives polémiques avec des versions différentes.

Une situation inquiétante qui a fait révolter l’activiste et membre de Frapp/France/Dégage, Guy Marius Sagna. Prenant part à cette rencontre, en même temps que d’autres membres de la société civile, il exige que la justice, la lumière et une enquête indépendante soient faites dans cette affaire, nous dit 24 Heures.

Cette disparition tragique d’Abdou Faye est juste «une «mort de trop dans les locaux de la police», a-t-il dénoncé.

«Demain, on va peut être dire que Guy Marius s’est suicidé en prison»

«Le décès de Abdou Faye n’est pas un fait divers. Ce décès doit être inscrit sur les violences des forces de défense et de sécurité. C’est une mort de trop et nous devons tous ensemble dire plus jamais ça…

L’enjeu, c’est de sauver les potentiels Abdou Faye. Dans un ou deux mois, vous allez peut être entendre que Guy Marius Sagna s’est suicidé en prison», a laissé entendre l’activiste.

Quant à l’ancien commissaire divisionnaire, Boubacar Sadio, la responsabilité de la police est bien engagée. Pour le policier à la retraite, «À travers sa cellule de communication, la police devait sortir un petit communiqué. Cela pourrait participer à calmer les esprits. Il faut le dire, il y a sa responsabilité qui est engagée, même si, dans un premier temps, on peut dire qu’elle soit morale. Parce que le défunt était sous sa garde. Maintenant, pour ce qui est de la responsabilité administrative, c’est l’enquête qui va la déterminer».

Il faut rappeler qu’Abdou Faye, décédé dans les locaux du Commissariat de Dakar, était arrêté en même temps que Boy Djinné pour complicité dans une affaire d’évasion. Il a été retrouvé pendu d’après les informations reçues, aux grilles du système d’aération des toilettes. Une thèse qui ne fait pas encore l’unanimité.

La Raddho actionne le procureur de la république…

Les conditions dans lesquelles le détenu Abdou Faye a perdu la vie troublent la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO). «Si le suicide n’est pas confirmé, ce décès vient allonger la liste des personnes qui ont perdu la vie dans les mêmes conditions et surtout mettrait en cause la responsabilité directes des autorités policières.

Qui, dans de telles circonstances, non seulement ont l’obligation de surveiller de manière appropriée la personne arrêtée, mais aussi et surtout, le devoir de lui permettre d’accéder directement et régulièrement à un personnel médical et à un avocat de son choix sans oublier le contact régulier avec les membres de sa famille», précise son Secrétaire général, Sadikh Niass, dans un communiqué parcouru par 24 Heures.

Face à «une mort plus que suspecte», le défenseur des droits de l’homme actionne le procureur de la République pour l’ouverture d’une enquête «immédiate» pour élucider les circonstances du décès et d’en tirer les conséquences de droit. La RADDHO espère, par ailleurs, que les résultats de l’enquête couplée avec celle de l’autopsie permettront de «situer les responsabilités» et au besoin «d’identifier et punir conformément à la loi d’éventuelles personnes impliquées dans cette mort»

24 heures

Saphiétou Mbengue
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