L’idée qu’un président dispose de 100 jours utiles pour agir est héritée d’une tradition républicaine française. Ce mythe n’a donc pas trop de sens sous nos tropiques, si ce n’est l’idée qu’il y a un état de grâce minimal à accorder à un régime naissant afin qu’elle prenne ses marques et ses premières mesures significatives.
L’acte le plus déroutant du début du régime du président Bassirou Diomaye Faye fût sans conteste la déclaration fracassante du MFDC proférant des menaces contre le nouveau régime et surtout exprimant une irrévérence et un manque de respect inacceptable à l’endroit du nouveau président élu de la république du Sénégal. Nous n’avons jusqu’à présent aucune réaction ou une mise au point de l’état du Sénégal en réponse à cette infamie.
En réservant ses premières visites aux pays voisins et en prenant ses distances des régimes putschistes, le président Faye consolide le leadership démocratique du Sénégal dans la sous-région au grand dam de ceux qui voulaient nous jeter dans les bras des états de l’AES et de leur partenaire russe.
Autre bon point, le travail de désencombrement de la voie publique. Malgré toute la polémique qui l’a accompagné et la cacophonie au sommet de l’état qui l’a accompagné, ce sujet ne devrait pas être politisé.
Avec la poursuite des opérations « set sétal » déjà entamé par le président SALL, les nouvelles autorités engagent un chantier important. L’occupation anarchique de la voie publique pose un problème d’image et de sécurité. Notre pays désormais exportateur de pétrole et de gaz, et qui va organiser les jeux olympiques de la jeunesse en 2026 doit nécessairement transformer son visage. Cette transformation de nos rues et grandes artères devrait être inclusif, mobilisateur et au-dessus des préoccupations partisanes.
La baisse des prix des denrées de première nécessité était l’une des fortes promesses des actuels tenants du pouvoir. Ils s’étaient engagés à réduire l’essentiel des prix des produits de consommation quotidienne de nos compatriotes, et ce, dès les premières semaines de leur accession au pouvoir. Au bout de moult tergiversations, d’hésitations et de déclarations contradictoires des efforts mineurs ont été réalisés. De l’aveu même du Premier Ministre Ousmane Sonko réduire le coût des denrées serait impossible dès lors que l’essentiel de nos produits de consommation provient de l’étranger. C’est aussi cela la réalité de la gestion du pouvoir !
Au lendemain de l’élection présidentiel, le nouveau premier ministre et homme fort du régime a repris avec son hyperactivité débordante avec les risques en dérapage incontrôlé qu’on lui connait. Au cœur de l’université Cheikh Anta Diop, en compagnie de son invité principal qui n’est autre que Jean Luc Mélenchon, ils ont été les animateurs d’un curieux événement qui n’aura réussi qu’une chose : installer encore une fois et dans les 100 jours la question LGBTQ au cœur de notre agenda médiatique.
Dans la foulée le PM s’est prêté à un surprenant exercice dont le prétexte était certes politique mais le contenu a été aussi décousu qu’inapproprié. Dans un show avec un public fanatisé, le « grand théâtre » a été le témoin du déballage du contenu des échanges entre le premier ministre et le garde des sceaux. Ce meeting a été l’occasion pour OS d’annoncer un matraquage fiscal des entreprises de presses mauvais payeurs. Mais qui peut raisonnablement croire que le déficit fiscal du Sénégal provient essentiellement du secteur des médias ? Le contenu de la suite de son discours avec les menaces ouvertement proférées contre des journalistes qui lui serait hostiles explicite davantage les intentions inavouées de l’apôtre de la politique « gatsa gatsa ».
Dès sa prestation de serment, le Pr BDDF avait annoncé solennellement l’organisation des assises nationales avec pour objectif de « réconcilier » la Justice sénégalaise avec les citoyens. La sortie du Président de la République du conseil supérieur de la magistrature était la principale promesse des nouveaux dirigeant du Sénégal. A l’épreuve des faits, il apparaît qu’il y avait beaucoup de démagogie. Puisque, sur ce sujet, le point de vue de l’actuel Président de la République est : ni oui, ni non !
Voilà les points marquants des 100 premiers jours de l’arrivée de BDDF au palais de l’avenue Léopold Sédar Senghor. Palais dans lequel le tout nouveau directeur des moyens généraux Baye Oumar Diagne souhaite ériger une mosquée.
Tout un symbole qui révèle un incroyable mélange de genre, avec des tergiversations, des errances, des atermoiements et confusions d’un régime né à la suite de la plus grave crise politique de l’histoire de notre pays, et qui manifestement cherche encore sa direction. Une mosquée à la présidence de la république pourquoi faire !?
Pape Mahawa Diouf