« Ceux qui peuvent vous faire croire aux absurdités peuvent vous faire commettre des atrocités »
Quâest-ce qui motive donc Robert Bourgi ces derniers temps? Il commence par nous dire que les SĂ©nĂ©galais ne connaissent pas les qualitĂ©s du prĂ©sident Macky Sall. Ensuite, il se couvre des oripeaux de la « vierge solitaire sous le chapiteau » pour nous prĂ©venir des risques de collision des extrĂȘmes en France et au SĂ©nĂ©gal lors des prochaines Ă©lections prĂ©sidentielles de 2024.
Mais qui est vraiment ce contre-exemple, ancien « conseiller » lugubre Ă lâĂlysĂ©e et « porteur de valises » de certains chefs dâĂtats africains pour nous dicter le chemin Ă emprunter?
Qui est cet Ă©trange personnage qui a avouĂ© avoir « niquĂ© » (câest son mot) un ancien premier ministre français et qui pour ces faits de bassesse, a Ă©tĂ© condamnĂ© sĂ©vĂšrement par ses pairs du barreau de Paris parce que renvoyant une « image violente, vulgaire et cynique, de nature Ă nuire Ă l’image de la profession »?
Qui est donc ce « menteur professionnel », manipulateur sans conscience et sans honneur qui avait osĂ© affirmer que Karim Wade lâavait appelĂ© en 2011 pour solliciter lâintervention des forces armĂ©es françaises? OpposĂ© Ă la 3e candidature de Wade Ă lâĂ©poque, et sans doute balisant la voie Ă son nouvel ami dont il nous chante aujourdâhui les « qualitĂ©s » mĂ©connues par les SĂ©nĂ©galais, il nâavait aucune gĂȘne Ă mentir pour dĂ©truire lâimage dâun « Wade » soupçonnĂ© alors de trop sâĂ©loigner des intĂ©rĂȘts de la France.
Que ne fera-t-il pas aujourdâhui pour emprunter le chemin inverse, promouvoir la 3e candidature de Macky Sall, pas forcĂ©ment parce quâil serait le « meilleur » comme il le prĂ©tend du haut du piĂ©destal de sa condescendance nĂ©ocoloniale, tare rĂ©dhibitoire, mais parce quâil y trouverait son intĂ©rĂȘt personnel et par extension celui de la Françafrique dont la survivance est sa principale prĂ©occupation. Lui, le Franco-sĂ©nĂ©galais, « fils » de Foccart, avouait avoir incarnĂ© le « cĂŽtĂ© lugubre » de la Françafrique, mais avait, disait-il, dĂ©cidĂ© de changer depuis 2007 aprĂšs un examen de conscience. Robert Bourgi, poursuivez donc votre examen de conscience!
Repentez-vous dâavoir (câest votre aveu) fait transiter via votre bureau des mallettes dâargent venant de chefs dâĂtat de la pauvre Afrique pour financer des partis politiques de la riche France!
Robert Bourgi, au crĂ©puscule dâune vie de plus 7 dĂ©cennies chahutĂ©e par les pratiques malsaines qui combinent corruption, concussion, compromissions, trahisons, collisions dâintĂ©rĂȘt, cet examen de conscience, ce dialogue avec son « moi » est une Ćuvre salutaire de salubritĂ© publique qui vous interdirait alors de dicter Ă ces jeunes SĂ©nĂ©galais leur futur politique. Cette jeunesse, de toute Ă©vidence, devrait ĂȘtre lâantithĂšse de cette nĂ©buleuse nĂ©o-patrimoniale qui vous a nourri et engraissĂ©.
De toute façon, cette jeunesse, plus nombreuse, mieux informĂ©e, indignĂ©e et rĂ©voltĂ©e par les dĂ©tournements de ses richesses naturelles au profit de multinationales Ă©trangĂšres avec la complicitĂ© agissante et criminelle de gens comme vous, cette jeunesse qui se sent trahie par ses dirigeants, cette jeunesse contrainte Ă lâĂ©migration clandestine pour espĂ©rer trouver des moyens de survivre dignement, cette jeunesse-lĂ ne vous Ă©coutera pas! Câest peine perdue!
Poursuivez donc, seul, Monsieur Bourgi, votre examen de conscience! Et que bien vous en prenne! Sâil vous dĂ©mange encore de trouver quelquâun Ă qui parler en Afrique, ce ne sera pas cette nouvelle jeunesse africaine branchĂ©e sur les rĂ©seaux sociaux en rupture totale de confiance avec ses dirigeants et dĂ©fiant tous ceux qui symbolisent la Françafrique (rĂ©seau nĂ©ocolonial de criminels).
Si le prĂ©sident sĂ©nĂ©galais vous juge encore crĂ©dible pour vous Ă©couter, câest quâil nâa rien compris, mais comme disait Marcus Kissa de lâObservatoire rĂ©publicain pour lâintĂ©gritĂ© citoyenne et lâĂ©quitĂ© (Orice), « quand vous ĂȘtes en train de vous noyer, vous ne pouvez pas refuser la seule main quâon vous tend »,
Ndiaga Loum, professeur titulaire, UQO
Titulaire de la Chaire de la Francophonie
Directeur du programme de doctorat en sciences sociales appliquées