Santé : L’Afrique ne peut pas supporter 25% du fardeau mondial des maladies avec 2% des médecins de la planète

Il est communément admis que le développement africain doit passer au préalable par les investissements dans les infrastructures et l’énergie, mais a-t-on vraiment conscience du coût que représente, pour le continent, la mauvaise santé ? 2400 milliards.

D’après l’OMS, ce chiffre représente les pertes totales annuelles, estimées en « dollar international » (Int$)*, que subiraient les économies africaines en raison des maladies qui y sévissent. De quoi méditer sur les ordres de priorité dans l’investissement, public comme privé.

Avec une population prévue pour doubler d’ici 2050 (2,5 milliards d’habitants) l’Afrique avance inéluctablement vers une étape décisive de sa transition vers le développement économique. Ce boom démographique accentue la nécessité pour les pays du continent d’améliorer leurs systèmes sanitaires afin de bénéficier du dividende démographique que l’augmentation de sa main d’œuvre potentielle pourrait engendrer.

D’après les données de la Banque mondiale, la densité de médecins du continent africain est de 2 médecins pour 10 000 habitants, très en dessous de la moyenne mondiale qui est d’environ 14 médecins pour 10 000 habitants.

D’ici 2030, les jeunes seront plus de 750 millions sur le continent africain, ce qui augmentera la main d’œuvre disponible pour les pays. Malheureusement, l’état des lieux des politiques sanitaires africaines laisse penser qu’à long terme, le continent risque de passer à côté de cette opportunité économique. Surtout lorsque l’OMS annonce que les maladies non transmissibles augmenteront de 27 % en Afrique au cours des dix prochaines années, entraînant 28 millions de décès supplémentaires.

Ces dernières années, les investissements dans les infrastructures et l’énergie ont augmenté en Afrique. D’après le cabinet Deloitte, les investissements d’un montant supérieur à 50 millions de dollars, dans le domaine des infrastructures en Afrique, ont connu une hausse de 5,9% en 2017. En revanche, l’investissement dans la santé reste très modeste.

D’ici 2030, les jeunes seront plus de 750 millions sur le continent africain, ce qui augmentera la main d’œuvre disponible pour les pays. Malheureusement, l’état des lieux des politiques sanitaires africaines laisse penser qu’à long terme, le continent risque de passer à côté de cette opportunité économique. Surtout lorsque l’OMS annonce que les maladies non transmissibles augmenteront de 27 % en Afrique au cours des dix prochaines années, entraînant 28 millions de décès supplémentaires.

Ces dernières années, les investissements dans les infrastructures et l’énergie ont augmenté en Afrique. D’après le cabinet Deloitte, les investissements d’un montant supérieur à 50 millions de dollars, dans le domaine des infrastructures en Afrique, ont connu une hausse de 5,9% en 2017. En revanche, l’investissement dans la santé reste très modeste.

Alors que le continent fait face à une vague de maladies et d’épidémies (Ebola, Paludisme, SIDA, Choléra notamment) la faible orientation des budgets des Etats vers le secteur de la santé augmente la vulnérabilité de leurs économies. En 2018 par exemple, la revue Journal of Infectious Diseases publiait un rapport sur l’épidémie d’Ebola qui a touché plusieurs pays de l’Afrique de l’ouest en 2014.

D’après le document, l’épidémie a coûté environ 53 milliards $ aux pays de la région, en termes de pertes en vies humaines et de coûts économiques. Ces derniers se sont d’ailleurs élevés à 14 milliards $ de coûts économiques, soit plus que le PIB du Niger et du Togo réunis.

Dans un rapport intitulé « Productivity cost of illness », l’OMS analyse l’impact des maladies sur la productivité des économies africaines. En se basant sur des chiffres de l’année 2015, l’institution a calculé les pertes économiques que pourraient subir les pays africains en raison de la mauvaise santé de leurs populations et du taux de mortalité prématuré.

D’après l’étude, le coût des maladies en termes de perte de productivité pour les pays africains, varie d’un minimum de 242,3 millions de dollars (Sao-Tomé-Et-Principe) à 879 milliards de dollars (Nigeria). Près de 56,61% de ces coûts est attribuée aux affections liées à la maternité, au SIDA, à la tuberculose, au paludisme, aux maladies tropicales négligées, aux maladies non transmissibles et aux accidents de la route.

« Douze pays de la région représentent l’essentiel des coûts de productivité dus à la mauvaise santé, avec plus de 80 milliards de dollars dans chaque pays » indique également le document. La plupart de ces coûts seraient d’ailleurs liées aux maladies non transmissibles qui comptent pour 37,11% du total des coûts.

En 2015, les maladies survenues dans l’espace CEDEAO sont évaluées à plus de 1 129 milliards Int$ de perte de productivité, « soit l’équivalent de 75% du PIB de la région. Environ 78% de la perte de PIB de la CEDEAO a été supporté par le Nigéria ».

Une menace pour les objectifs de développement durable

Cette perte de productivité entraîne indéniablement des répercussions sur la capacité des Etats à atteindre leurs objectifs de développement durable (ODD). D’après les statistiques, un investissement annuel supplémentaire de 671 milliards $ est nécessaire pour que les pays à revenu faible puissent atteindre leurs ODD dans le domaine de la santé.

Les pertes de productivité liées aux maladies en Afrique, réduisent la capacité des Etats à financer leur développement. Ceci, encore plus alors que le continent a du mal à mobiliser les recettes intérieures nécessaires pour réaliser ses projets. D’après la Commission économique des nations-unies pour l’Afrique (CEA), l’Afrique devra, mobiliser 11 % de son PIB par an sur les 10 prochaines années pour combler son déficit de financement afin d’atteindre les ODD. Pourtant si le continent possède l’un des taux les plus élevés en termes de coût de productivité des maladies par rapport au PIB, il affiche le plus faible ratio recettes publiques/PIB au monde (24,5% entre 2000-2018).

Les conséquences de cette situation sont multiples.

En plus d’entraîner des pertes importantes en ressources humaines et en productivité, elle accentue la dépendance du continent à l’aide étrangère. Ceci, encore plus lorsqu’il s’agit de répondre aux crises sanitaires qui secouent les pays africains.

« Nous savons qu’une bonne santé contribue à l’amélioration du développement résultats » a déclaré Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. Et d’ajouter : « Ce qui n’a pas encore été clairement compris, c’est l’impact de la mauvaise santé sur les résultats en matière de développement ».

Pourtant les solutions semblent évidentes

Une réorientation des politiques publiques vers le secteur de la santé semble inévitable, si l’Afrique veut atteindre un vrai développement. D’après le journal The Globalist, « bien que l’Afrique supporte un quart du fardeau mondial de la maladie, elle n’a que deux pour cent des médecins du monde ».

Si les dépenses en santé peuvent paraître secondaires pour les Etats africains, de nombreuses statistiques prouvent qu’une meilleure politique sanitaire est bénéfique pour l’économie. D’après une étude menée par plusieurs chercheurs de l’université de Harvard, l’augmentation d’un an d’espérance de vie de la population d’un pays, équivaudrait à une augmentation de 4% de son produit intérieur brut (PIB). D’après l’OCDE, une augmentation de 1 % de l’espérance de vie se traduirait par une augmentation de 6 % du PIB total et de 5 % du PIB par habitant.

Dans son rapport, l’OMS indique également qu’en mettant en œuvre les politiques sanitaires exigées par les objectifs de développement durable, les pays africains pourront économiser près de 47% les coûts de productivité induites par les maladies d’ici 2030.

Pour l’institution, l’atteinte de ces objectifs passe par l’accélération de la mise en œuvre des différentes stratégies de lutte contre le SIDA, la tuberculose, le paludisme et les maladies tropicales négligées. Au-delà des infrastructures sanitaires les gouvernements doivent également investir dans la formation du personnel afin d’augmenter l’accès pour tous à des soins équitables, et à l’assurance maladie universelle.

De plus, la mobilisation des recettes fiscales doit être améliorée pour permettre aux Etats de mieux financer les dépenses prévues dans le secteur de la santé.

Enfin, la contribution du secteur sanitaire au PIB de l’Afrique pourrait connaître une véritable embellie si les pays du continent développaient une véritable industrie pharmaceutique pour répondre aux énormes besoins en santé de leurs populations.

D’après la CEA, l’Afrique pourrait représenter la deuxième opportunité d’affaires au monde dans le secteur de la santé avec 14% de part de marché d’ici 2030. En investissant dans la santé, le continent pourrait créer 16 millions d’emplois supplémentaires et par là, réduire ses importations de produits pharmaceutiques.

Ecofin

Oumou Khaïry NDIAYE
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