Procès à coté d’un procès : Deux présumées victimes du régime de Habré portent plainte pour injures et diffamation

Deux victimes ayant témoigné au procès de Hissène Habré devant les Chambres africaines extraordinaires ont déposé plainte aujourd’hui devant le procureur de la République du Tribunal de Grande Instance hors classe de Dakar pour injures et diffamation. Une citation à comparaitre a été envoyée à l’hébergeur du « site officiel du président Hissein Habré », Monsieur Mouth Bane.

D’après le communiqué du « collectif des avocats des victimes de Hissène Habré », alors qu’elles venaient de témoigner de faits extrêmement douloureux qu’elles ont eu à subir pendant le régime de Hissène Habré, nos clientes Madame Fatimé Hachim Saleh et Madame Khadidja Hassan Zidane ont faits l’objet de propos offensants et méprisants, attentatoires à la dignité. Ces propos injurieux ne sont pas reproduits dans ce communiqué.

Pour le collectif, ces publications sont d’autant plus graves qu’elles interviennent en plein procès. Elles visent à menacer et intimider des personnes qui ont eu le courage de venir du Tchad à Dakar pour rendre compte des horreurs qu’elles ont vécues.

« Elles reflètent la volonté de l’auteur de nuire au bon déroulement du procès en apportant des contre-vérités ignominieuses en dehors de la salle d’audience, pour railler le travail des magistrats, alors même que la défense de Habré a tout le loisir de répondre aux allégations présentées contre son client, à la barre. Nous condamnons fermement toutes injures, intimidations, menaces et violences qui viennent troubler la sérénité des débats devant les Chambres africaines extraordinaires » soutient-il.

Retour sur les témoignages

Khadidja Hassan Zidane a affirmé au procès de Hissène Habré, tout comme trois autres femmes qui ont témoigné, avoir été soumise en 1988 à l’esclavage sexuel dans un camp militaire situé à Ouadi-Doum  dans le désert dans le nord du Tchad. Avant d’être envoyée dans le désert, elle a été emprisonnée dans la résidence présidentielle où Hissène Habré l’a violée à quatre reprises, rappelle le communiqué.

Une autres parmi les témoins, Khaltouma Defallah a confirmé que, lors de leur détention conjointe, Khadidja Hassane Zidane lui a confié avoir été violée par Habré.

Fatime Hachim Saleh fut arrêtée en avril 1989 avec son mari à N’Djamena par des agents de la DDS, la police politique du régime. Malgré sa grossesse de 7 mois, elle a été torturée et a accouché en prison d’un garçon mort-né.

Selon toujours le communiqué, elle a déclaré avoir vu Hissène Habré pendant sa détention qui lui aurait promis qu’elle y resterait jusqu’à sa mort. Elle a affirmé que son mari avait été extrait de prison en pleine nuit et est porté disparu depuis, et sa maison fut rasée.

Michel DIEYE

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