Je dirais globalement que j’ai vécu une semaine intense, riche en émotions et prolifique en production intellectuelle.

Riche en introspection, riche en remises en question, riche en apprentissages aussi.

Pour beaucoup, la tension du quotidien exacerbe ce besoin de détente absolue, ce rêve d’un lâcher-prise perçu comme une plage paradisiaque, d’autant plus magnifiée que celui qui la fantasme est immobilisée au bureau derrière son écran.

Plutôt que de s’attacher à ce qui était prévu, il s’agit de se laisser surprendre et de relâcher les plans, les stratégies et toutes les formes de projections et d’attentes.

Mais lâcher-prise ne se réduit pas à rompre avec toutes les sources de stress. C’est précisément quand la vie nous échappe, quand le sentiment d’être dépassé nous traverse que lâcher-prise est le plus difficile.

Alors, pour ce weekend avant-coureur de tumultes et turpitudes, je vous invite à la lenteur…

Du Absolute cocooning… Inverser le flow, s’offrir de petits moments d’humour léger, d’humeur positive et naturellement de conscience éclairée.

Vagabondage au pays de la lenteur où je vous invite à prendre le temps de badiner, conter fleurette à vos moitiés, prendre le temps de préliminaires dont un plaisir de gourmet, changer de rythme, refaire corps à corps, s’égarer dans des caresses et des mots doux…

Il ne s’agit pas de stigmatiser quelques précoces besogneux mais combien d’amants sont- ils ainsi surnommés par leurs amoureuses frustrées ou leur conquêtes dépitées face à la fugacité de l’étreinte…

Et puisque c’est dans l’air du temps faire du vélo…pour se hâter lentement. Comparé au piéton, la bicyclette est une flèche…

Quelle que soit la destination, le point commun est un temps d’arrêt sans impatience ni ennui, à la recherche du soi perdu. Incitons-nous à des comportements plus urbains, l’objectif « des quartiers verts » est à la fois convivialité et sécurité routière…

Et l’on se rend compte grâce à cet involontaire double sens que la ville et la politesse sont plus apparentés qu’il n’y paraît…

Les journées sont trop courtes et pourtant, le temps se mesure toujours de la même façon même si les montres sont à piles et les horloges atomiques…

Les journées sont trop courtes et comme Mimi, on accélère la cadence…

On mange plus vite, on parle moins à ses enfants.

On prie plus vite et les hommes essaient de faire comme leur mère. C’est à dire devenir multitâches. Multitâches comme les ordinateurs qui transmettent les données en un temps moindre. Le temps du clic au service de l’homo Rapido qui en permanence court après le présent qui s’effrite et fuit quand on veut l’attraper. De l’angoisse à l’état pur, ce fameux stress qui résiste à tous les traitements médicaux…

Prendre son temps, celui de faire et de ne pas faire, s’ouvrir, sentir, s’écrire, faire valser les mots comme autant de fenêtres ouvertes sur un monde de délicates suspensions…

Se payer une sieste, pas besoin de matériel ou de hamac au fond du jardin… On appuie sur l’interrupteur intime autant qu’imaginaire, on se met sur le off, on éteint, on débranche, on ferme ses persiennes intérieures, et même on baisse son rideau de fer…

Le rêve permet le ressourcement minimaliste.

Le feu rouge de l’hyperactivité, le bref coup de frein au maelström.

Le droit de rêve devrait être inscrit dans la constitution…

Ce détachement ponctuel nourrit le cours de l’existence, procure de l’espace, il est un acte de confiance envers soi et l’univers. Au contraire des désirs et des peurs qui retiennent, aspirent de l’énergie, emprisonnent le mental, le ralentissement, à travers le retour d’un souffle, laisse libre, ouvert et inspiré. Plutôt que de porter sur nos épaules le poids des responsabilités, on se restitue, on prend conscience d’appartenir à un ensemble plus vaste  que notre personne.

Un nouvel art de vivre, en somme. Invitation à la lenteur, lâcher prise sur le fulgurant, un joli pied de nez à la vitesse superflue…

K.G – 20 janvier 2024