Une pétition des femmes africaines leaders contre les nominations aux postes de Directeur et de Directeur adjoint pour le bureau régional d’ONU Femmes

Nous, femmes africaines leaders, adressons cette lettre à son Excellence Monsieur Macky Sall, Président de la République du Sénégal, et Président en exercice de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), avec copie à M. Ban Ki-moon, Secrétaire Général des Nations Unies et Mme Phumzile Mlambo-Ngcuka Sous- Secrétaire Général des Nations Unies et Directrice exécutive d’ONU Femmes. Nous avons appris avec une grande stupéfaction, la nomination de deux hommes originaires respectivement  de la Grande Bretagne et de la Belgique aux postes de Directeur et de Directeur adjoint pour le bureau régional d’ONU Femmes couvrant l’Afrique de l’Ouest et du Centre, basé à Dakar. Cela se passe dans un contexte où le poste de Directeur des Opérations, troisième poste de responsabilité au sein du bureau régional, est déjà occupé par un homme de nationalité ivoirienne.

De plus en parcourant le profil de la personne proposée pour occuper le poste de Directeur Régional, on se rend compte qu’il ne dispose ni d’une expérience de travail en Afrique ni d’une maitrise des questions de droits des femmes, genre et développement spécifiques a l’Afrique de l’Ouest et du Centre.

Nous savons ce que le poids des images et la force des symboles représentent dans le processus de changement mental et structurel qu’ONU Femmes, et tant d’autres acteurs de développement, cherchent à impulser sur le terrain en étroite coopération avec les Gouvernements des pays membres de notre Organisation commune.

Par ailleurs, ces nominations témoignent, à notre sens, d’un manque de diversité notoire dans la façon dont ONU Femmes désigne ses représentants à des postes de responsabilité aussi stratégiques en Afrique. Pour nous cette nomination augure d’un dangereux précédent.

Nous avons décidé d’élever nos voix pour demander à ce qu’une telle décision soit reconsidérée comme ce fut le cas récemment au Pakistan, au Rwanda ou en Ouganda où les gouvernements ont simplement refusé d’accréditer les personnes nommées par l’ONU parce qu’elles ne détenaient pas les prérequis thématiques et régionaux.

Les raisons justifiant notre demande sont les suivantes :

– Cette région a connu des luttes ardues de femmes, qui ont tout sacrifié afin que l’égalité dans la participation et la représentation, soit une réalité, aussi bien au sein des institutions que dans leur vécu quotidien. Il est donc anachronique de voir qu’ONU Femmes, dont le mandat est de soutenir un tel objectif, pose des actes qui impliquent le positionnement  exclusif des hommes aux instances suprêmes de décision et la marginalisation des africaines dans leur région.

– Cette région est complexe à plusieurs niveaux et les défis auxquels font face les femmes sont multiples. Le choix d’un représentant d’ONU Femmes pour la région ne devrait donc souffrir d’aucune ambiguïté et devrait se faire à partir d’un processus de sélection transparent et rigoureux.

– Cette région regorge de femmes expertes qui ont fait leurs preuves dans la gestion organisationnelle et les questions de genre et développement, qui sont reconnues de toutes parts pour les résultats excellents réalisés durant leurs parcours professionnels et qui sont hautement qualifiées pour diriger ce bureau avec brio.

Malgré le fait que nous reconnaissions à la Directrice exécutive d’ONU Femmes ses prérogatives pour nommer son représentant régional, il aurait été souhaitable que cette nomination porte sur une personne en qui les femmes de la région, actrices étatiques ou non étatiques, peuvent se reconnaître, une personne en qui elles peuvent avoir confiance et qui soit dans une position de travailler convenablement pour la réalisation de leurs droits économiques, sociaux et politiques.

Etant donné que les postes de directeur adjoint et de chargé des opérations ont déjà été confirmés, la responsabilité de diriger le travail d’ONU Femmes au sein de notre région, doit revenir à une experte africaine ayant, en raison de son expérience professionnelle, une connaissance des réalités socio-culturelles des sous-régions et un leadership reconnu auprès des institutions, des organisations de femmes et de leurs leaders.

Nous, femmes leaders africaines, sommes convaincues que vous comprendrez notre démarche et notre volonté d’être les acteurs incontournables concernant les questions de genre et de développement de notre région. Les personnes ou organisations ci-dessous désignées sont signataires de cette lettre.

Signataires: Voir la lettre en version PDF ci-jointe

Michel DIEYE

Author

Michel DIEYE

Up Next

Related Posts