(Agence Ecofin) – Une récade du roi Béhanzin, sceptre symbole du pouvoir royal à l’époque du Royaume du Dahomey, est apparue dans une vente aux enchères privée en France, ce qui a suscité la colère de plusieurs Béninois. L’objet a finalement été retiré de la vente.
Exposée lors de la vente aux enchères « Tribal Exception » organisée du jeudi 19 au vendredi 20 décembre à Paris, une récade du roi Béhanzin de l’ancien Royaume du Dahomey a finalement été retirée de l’étal après que plusieurs ressortissants béninois se sont offusqués sur les réseaux sociaux de sa commercialisation.
Une récade (ou makpo) est un sceptre royal de l’ancien royaume du Dahomey, en forme de crosse ou de hache. C’est l’un des symboles d’autorité du souverain, également un bâton de commandement remis au messager pour garantir à son destinataire l’authenticité du message royal.
Une récade était un sceptre royal attribut de l’autorité du souverain, et qui, remise à un légat ou un messager, conférait derechef à ce dernier authenticité et légitimité. Elle se présente comme un manche de bois d’une longueur d’environ 50 cm, coudé à une extrémité et orné de métal ouvragé.
Selon les vendeurs, la récade en question sculptée en forme de main saisissant un foie d’ennemi vaincu, aurait été offerte par le roi Béhanzin à Emmeran de Curzon, officier français ayant participé à la campagne de colonisation du Dahomey dirigée par le général Alfred Amédée Dodds. Le roi aurait remis la récade « lui-même au capitaine lors de sa reddition et des cérémonies rituelles qui s’ensuivirent » informe le catalogue de vente de Tribal Exception. Une assertion contestée par les Béninois.
« La pratique était que les soldats récupèrent des objets et les gardent chez eux. […] Je suis assez choquée que ce genre de vente puisse avoir lieu et que la maison de vente aux enchères ne tienne pas compte du contexte actuel, ni des restitutions.
La France vient de faire une restitution importante au Bénin de 26 pièces, bientôt 27, pour justement reconnaître le pillage de l’armée coloniale. Alors je trouve ça assez sidérant que les descendants de soldats de l’armée coloniale, aujourd’hui, se permettent de vendre ce genre d’objet, sans contacter les pays d’origine et sans leur demander s’ils veulent le récupérer » s’est indignée l’historienne de l’art franco-béninoise Marie-Cécile Zinsou au micro de RFI, qualifiant la notice de vente de « complaisante et mensongère ».
Pour rappel, le Royaume du Dahomey s’étendait sur une partie du Sud et du Centre de l’actuelle République du Bénin en Afrique de l’Ouest, avec pour capitale politique la ville d’Abomey. Il constituait l’une des puissances majeures de la région du golfe de Guinée.