TAS annonce un recours pour «carence du président de la République à exécuter les décisions du Conseil constitutionnel »Après avoir passé au crible les réponses servies par le président Macky Sall, lors de sa conférence de presse avant-hier, le président du Parti de La République des Valeurs est resté sur sa faim quant à la tenue à bonne date de l’élection présidentielle de 2024. En conséquence de quoi, le candidat éligible a annoncé un recours pour «carence du président de la République à exécuter les décisions du Conseil constitutionnel».
«On va saisir le Conseil constitutionnel d’un recours dans les prochaines heures. Il était déjà en cours, on va l’amender. Vendredi ou samedi on le dépose pour carence du président de la République à exécuter les décisions du Conseil constitutionnel», a notamment indiqué Thierno Alassane Sall à travers les ondes de RFM.
Visiblement dépité, il lance : «On n’a pas honte de dire qu’on va aller saisir après le Conseil constitutionnel pour lui demander si les résultats de notre dialogue sont conformes à la constitution alors même qu’il se refuse à exécuter les décisions du Conseil constitutionnel». Pour TAS, Macky Sall refuse de fixer cette date parce qu’il ouvre un autre processus. Cause pour laquelle il n’a pas hésité à qualifier l’exercice auquel il s’est livré hier d’«extrêmement honteux».
Thierno Alassane Sall rappelle que le Conseil constitutionnel a enjoint au Président de la République par sa décision du 15 février d’organiser l’élection présidentielle dans les meilleurs délais, et avec la liste déjà préalablement arrêtée de candidats. Le Conseil constitutionnel, chaque fois dans ses décisions fait référence à ces candidats-là. Pour le Conseil constitutionnel, toutes les conditions pour aller aux élections sont réunies, sauf la fixation de la date qui relève du président de la République qui avait lui-même suspendu le processus, estime-t-il.
«On n’attend pas autre chose de lui. Ni de dialogue ni d’amnistie ni rien», a martelé le candidat présidentiel.
TAS se désole qu’à la place, au lieu d’exécuter cette décision du Conseil constitutionnel qui a été confirmée par une autre décision suite au retrait de Rose Wardini, le président de la République invite à un dialogue où il a trié des personnes qui sont faites pour ne pas s’entendre.
«Comment voulez-vous réunir des spoliés, des candidats officiellement retenus, des acteurs de la société civile, vous avez vu que tous les dialogues qu’il a organisés, il invite suffisamment de gens qui sont faits pour ne pas s’entendre, après il dit : il n’y a pas de consensus, donc je tranche. Malheureusement, on n’est plus dans un débat où il peut trancher. On ne lui demande qu’une date. C’est la seule chose qu’on lui demande», a insisté TAS.
Des personnes faites pour ne pas s’entendre invitées au dialogue
Et pour cette raison, le président de La République des Valeurs répond par la négative à l’appel au dialogue du président de la République. «Qu’est-ce qu’on va y faire ?», demande-t-il. Avant de répondre:
«Pour lui donner l’occasion de dire que nous, on n’est pas d’accord avec les autres et que donc il n’y a pas de consensus». Non, pour lui, l’important c’est que la décision du Conseil constitutionnel soit exécutée par le président de la République.
TAS est d’autant plus dubitatif sur la sincérité du président Sall qu’à la suite de son propos, ce dernier, relève-t-il, dit des choses «très graves qui montrent que décidément il est inchangeable».
«Il dit que je pars, mon mandat finit le 02 Avril, je n’ai aucune intention de démissionner avant. Et pour cause, parce qu’il dit dans la foulée que l’article 36.2 de la Constitution dispose que le président en exercice reste en fonction jusqu’à l’élection de son successeur», a fait observer Thierno Alassane Sall.
Il en déduit que Macky Sall veut organiser une «transition très large où il restera lui, en exercice et ce sera le dialogue qui va lui dire monsieur le président, vous êtes beau, vous êtes le meilleur, vous avez le meilleur bilan, vous restez en exercice». Il ajoute que pour saupoudrer tout ça d’une certaine dose de paix, le président Sall organise en même temps un semblant d’amnistie.
Mais pour Thierno Alassane Sall, cette loi d’amnistie était prévisible depuis que Macky a lui-même documenté à travers le rapport de l’IGE de septembre 2012, les mêmes faits qui ont eu sur l’affaire Petro-Tim, depuis qu’il a eu les rapports de la Cour des comptes sur le Covid-19 ; il y a eu l’affaire Prodac et d’autres affaires plus scabreuses, on sait très bien qu’il y aura une loi d’amnistie», a-t-il indiqué pour s’en indigner.
Vox populi