Sud de Madagascar : La FAO et le PAM alertent sur le risque de famine et appellent à l’action

Il est urgent d’augmenter l’aide alimentaire et l’assistance aux moyens de subsistance agricoles pour éviter le pire des scénarios Chaque jour qui passe voit s’accroître le nombre de vies en danger alors que la faim resserre son étau dans le sud de Madagascar. C’est l’avertissement lancé par deux agences des Nations Unies, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et le Programme alimentaire mondial (PAM), qui cherchent à attirer l’attention de la communauté internationale sur une crise humanitaire qui risque de devenir invisible.

Environ 1,14 million de personnes dans le sud de Madagascar sont confrontées à des niveaux élevés d’insécurité alimentaire aiguë, dont près de 14 000 personnes en situation de « Catastrophe » (phase 5 – la plus élevée sur l’échelle à cinq niveaux du cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC).

Selon un communiqué de la FAO, c’est la première fois que des personnes sont enregistrées en phase 5 à Madagascar depuis l’introduction de la méthodologie IPC en 2016. Si des mesures urgentes ne sont pas prises maintenant, le nombre de personnes dans la catégorie  » Catastrophe  » va doubler au cours de la prochaine période de soudure qui débutera en octobre 2021.

La sécheresse, les tempêtes de sable, les ravageurs et les maladies des plantes et des animaux, ainsi que l’impact du COVID-19 ont fait que près de trois quarts de la population du district d’Amboasary Atsimo, le plus touché, sont confrontés à des conséquences désastreuses, et les taux de malnutrition aiguë globale ont franchi le seuil alarmant de 27 %, causant des dommages irréversibles aux enfants.

« La question n’est plus de savoir à quel point la situation est mauvaise – elle est extrêmement mauvaise. Des enfants sont affamés, des enfants meurent. J’ai rencontré une mère avec un enfant de 8 mois qui semblait n’avoir que 2 mois. Elle avait déjà perdu son enfant aîné », a déclaré le directeur principal des opérations du PAM, Amer Daoudi, qui s’est récemment rendu dans l’une des zones les plus touchées, Sihanamaro. « Nous assistons déjà à la fermeture de villages entiers qui se déplacent vers les centres urbains. Cela met une pression supplémentaire sur une situation déjà fragile. »

La pire sécheresse depuis quatre décennies, qui s’est accumulée pendant trois années consécutives, a anéanti les récoltes et entravé l’accès des populations à la nourriture. Cela s’ajoute à des années de déforestation et à l’érosion qui en résulte — désormais aggravée par le changement climatique — qui ont dévasté l’environnement et à des tempêtes de sable sans précédents qui ont transformé de vastes étendues de terres arables en friches.

La saison agricole 2019/20 a vu une baisse spectaculaire de la production alimentaire. Cette situation a ensuite été aggravée par une autre année de faibles précipitations en 2020/2021, qui était la cinquième année de pluies inférieures à la moyenne dans le sud semi-aride de l’île.

La récolte 2021 de cultures comme le riz, le maïs, le manioc et les légumineuses devrait être inférieure à la moitié de la moyenne quinquennale, préparant le terrain pour une période de soudure prolongée et sévère, à partir d’octobre 2021.

« Un fait contre-intuitif est que 95 % des personnes confrontées à une insécurité alimentaire aiguë dans le sud de Madagascar vivent de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche. Des années de mauvaises récoltes provoquées par des sécheresses successives, et les dommages causés à la pêche par les conditions météorologiques, ont poussé les gens au bord du gouffre. Nous devons prendre des mesures urgentes pour maintenir le bétail en vie et fournir des semences, de l’irrigation, des outils et du matériel de pêche afin de stimuler rapidement la production et les disponibilités alimentaires locales – mais nous ne pouvons pas négliger la nécessité de créer des moyens de subsistance agricoles plus résilients au climat à plus long terme », a déclaré le Directeur des urgences et de la résilience de la FAO, Dominique Burgeon.

Compte tenu de la perte significative des moyens d’existence et de l’accès réduit à la nourriture pour les ménages vulnérables, fournir aux communautés agricoles des semences, des outils et d’autres intrants essentiels est vital pour relancer la production alimentaire locale, générer des revenus et renforcer la résilience.

Ce soutien à l’agriculture et aux moyens de subsistance ruraux complète l’alimentation d’urgence et empêche les familles de vendre leurs actifs productifs tels que le matériel agricole et même les ustensiles de cuisine juste pour survivre.

Des ressources sont nécessaires de toute urgence pour sauver des vies

Les stocks alimentaires humanitaires à Madagascar s’épuisent. Le PAM achemine des vivres, mais l’accès aux zones les plus touchées est entravé par le manque d’infrastructures et la faiblesse des réseaux routiers. Les restrictions imposées par le COVID-19 ont entraîné l’arrêt de tous les vols à destination de la nation insulaire, ce qui signifie que les marchandises humanitaires essentielles ne peuvent être acheminées que par bateau et que les délais de transformation des dons en aide humanitaire ont fortement augmenté.

Depuis octobre 2020, le gouvernement et le PAM ont progressivement aidé environ 750 000 personnes par le biais de distributions générales de nourritures combinées à la distribution de nourritures supplémentaire pour la prévention de la malnutrition aiguë modérée chez les enfants de moins de cinq ans ainsi que chez les femmes enceintes et allaitantes. Mais la crise d’insécurité alimentaire s’aggrave rapidement et l’aide actuelle ne suffit pas à compenser l’impact et le risque de famine. Le PAM a besoin d’urgence de 74 millions de dollars au cours des six prochains mois pour éviter une catastrophe dans le sud de Madagascar.

Pape Ismaïla CAMARA
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