Sommet international: Refondre la relation Union européenne – Union africaine

Un Sommet utile ou des palabres de plus ? L’histoire le dira. Toujours est-il que dans un contexte bien particulier, se tiendra à Bruxelles, les 17 et 18 février 2022, un sommet Union européenne – Union africaine très attendu.

Le rendez-vous de Bruxelles, les 17 et 18 février 2022, entre dirigeants africains et européens est bien particulier en raison du double contexte politique. L’Afrique, surtout dans la zone sahélienne, renoue avec l’instabilité politique. Le rebond économique s’annonce faible cette année – après il est vrai une récession moindre que dans le reste du monde. De plus, la vaccination, l’une des conditions de cette croissance, tarde à arriver.

Sur ce point, le développement des systèmes de santé sera l’un des sujets clés du Sommet, a promis ce 9 février le ministre français des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian. « Il faut renforcer les systèmes de santé », – y compris en Europe –, a déclaré le ministre au cours d’une réunion de ministres européens, déplorant que « les chiffres de vaccination en Afrique soient faibles ».

Un sommet où le Mali, mais aussi la Guinée et le Burkina Faso, ne seront pas présents. Ainsi en a décidé l’Union africaine qui dresse les invitations. Sans nul doute, les questions de la stabilité politique, de la présence des armées européennes dans le Sahel et de celle du groupe paramilitaire russe Wagner devraient figurer au menu des discussions.

De son côté, l’Europe a un grave sujet de préoccupation qui l’éloigne de l’Afrique : l’Ukraine. Tandis que le chef d’orchestre de l’UE, le président français Emmanuel Macron, a aussi une préoccupation toute personnelle : annoncer en temps opportun sa candidature pour un second mandat, à moins de 60 jours du premier tour des Présidentielles.

Pourtant, le président français a promis que ce rendez-vous a pour objectif de « réviser complètement » la relation UE-Afrique. En décembre, il évoquait publiquement la perspective d’« un New Deal économique et financier avec l’Afrique », affirmant que l’Europe voulait « établir un système de paix et de prospérité pour renforcer les investissements dans les économies africaines et construire un avenir partagé ».

Le partenaire le plus fiable de l’Afrique ?

Sur ce point, la commissaire européenne Ursula von der Leyen, a levé un coin du voile. Ce 9 février, elle a détaillé à Macky Sall – président en exercice de l’UA –, la déclinaison africaine du plan Global Gateway, la stratégie d’investissements de l’UE.

Cette initiative est souvent présentée comme une riposte aux « Nouvelles routes de la soie » tracées par la Chine. « Le Sommet devrait permettre d’identifier une première série d’intervention stratégique », confie la commissaire à l’AFP. Elle considère que l’Afrique « est le partenaire le plus fiable et le plus loyal pour l’Afrique », citant quelque 20 milliards de subventions annuelles et les garanties des prêts. À l’en croire, les projets de Global Gateway s’écarteront du rapport de « dépendance » inhérent aux dispositifs actuels.

Pour le ministre délégué français au Commerce extérieur, Franck Riester, l’« UE souhaite rester à tous égards le premier partenaire de l’Afrique en termes économiques et commerciaux, mais aussi en termes de sécurité, de développement public et d’aide humanitaire ».

Certains commentateurs sont moins optimistes. Le sommet risque de ne produire rien de plus que de « grandes déclarations d’intention » qui n’ont que peu de substance, prévient l’universitaire Carlos Lopes. « Les annonces auront un impact mais il n’y aura pas de changements concrets qui augurent d’un changement profond dans la relation. »

Le président français, pourtant, martèle qu’il fait de la relation avec l’Afrique « une priorité », depuis le début de son mandat.  « Je crois profondément que la relation entre nos deux continents qui bordent les deux rives de la Méditerranée est un enjeu politique et un projet géopolitique majeurs, pour les décennies à venir », a-t-il indiqué lors d’une conférence de presse préparatoire au Sommet, fin janvier.

Du côté des instances européennes, on promet que la réunion débouchera donc sur « un ambitieux paquet d’investissements Afrique‑Europe », qui tiendra compte des défis mondiaux tels que le changement climatique et la crise sanitaire. Les dirigeants européens devraient également discuter des outils et solutions permettant de promouvoir la stabilité et la sécurité grâce à une architecture renouvelée.

Les ministres et représentants des chefs d’État participeront à diverses tables rondes. Qui aborderont les questions du financement de la croissance, des systèmes de santé et des vaccins, de l’agriculture et du développement durable, de l’Éducation, de l’intégration économique, de la transition énergétique et du numérique, etc. Le Sommet débouchera, promet-on, sur une déclaration portant la « Vision commune pour 2030 ».

« Le but du Sommet, résume Emmanuel Macron, est de refondre complètement la relation car elle est devenue – il faut l’admettre –, à travers ses instruments, bureaucratisée et plutôt fatiguée. »

magazinedelafrique.com

Momar Diack SECK
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