Seydina Moussa Ndiaye, expert IA de l’ONU alerte : « l’Afrique pourrait servir de cobaye pour de nouvelles solutions, sans réel contrôle de l’IA »

Agence Ecofin-L’IA générative a fait de gros progrès et s’est déployée dans le monde en 2023, avec un côté disruptif qui séduit beaucoup sur le continent africain. Des observateurs avertis estiment néanmoins nécessaire la prise de précautions préalables avant sa pleine adoption.

L’intelligence artificielle suscite de plus en plus d’intérêt en Afrique, dans bien de domaines d’activité où son potentiel révolutionnaire a été prouvé. Le Sénégalais Seydina Moussa Ndiaye (photo), membre de l’organe consultatif de l’ONU sur l’IA, interpelle toutefois les pays africains sur la nécessité de contrôler cet outil. Au cours d’un entretien publié en début d’année par UN News, il craint de voir le continent servir de cobaye pour de nouvelles solutions y relatives.

Ayant participé à la transformation numérique de l’enseignement supérieur au Sénégal, contribué au Partenariat mondial sur l’IA (GPAI), et expert auprès de l’Union africaine pour l’élaboration de la stratégie panafricaine sur l’intelligence artificielle, Seydina Moussa Ndiaye fait remarquer que « la puissance de l’IA, combinée aux progrès de la biotechnologie ou de la technologie, pourrait être utilisée et l’Afrique pourrait être le lieu où toutes ces nouvelles solutions sont réellement testées ».

« En termes réglementaires, certains aspects n’ont pas été pris en compte. Le cadre même d’application des idées et des réglementations existantes n’est pas efficace. Concrètement, et quand on ne contrôle pas ces choses, cela peut arriver sans que personne ne le sache. Nous pourrions utiliser l’Afrique comme cobaye pour tester de nouvelles solutions, ce qui pourrait constituer une très grande menace pour le continent » déplore-t-il.

Il admet néanmoins les formidables perspectives qu’offre cet outil pour l’Afrique, indiquant que la technologie peut être utilisée pour résoudre certains problèmes, « notamment dans le domaine agricole. Dans le secteur de la santé, l’IA pourrait en effet résoudre de nombreux problèmes, notamment celui du manque de personnel ».

« L’autre élément également très important est le développement de l’identité culturelle. L’Afrique est considérée comme un continent doté d’une identité culturelle qui n’a pas réussi à s’imposer à travers le monde. Avec le développement de l’IA, nous pourrions utiliser ce canal pour que les identités culturelles africaines soient mieux connues et mieux valorisées », relaie We Are Tech Africa.

Pour mieux faire face aux opportunités et défis relatifs à l’intelligence artificielle en Afrique, Seydina Moussa Ndiaye a mentionné la publication prochaine d’une stratégie panafricaine avec une vision continentale du développement de la technologie.

Momar Diack SECK
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