Regain de son dynamisme économique : Le Sénégal ne doit-il pas sortir de l’espace francophone ?

Faut-il réinventer les relations du Sénégal avec le reste du monde ? L’impatience se lie à travers opinions et discours pour se démarquer de la prégnance de la France et des Européens en général.

Depuis 1960, le Sénégal est ancré dans l’espace francophone avec un dynamisme économique qui ne répond pas encore présent. Il y a toujours du plomb dans l’aile.

Aujourd’hui, pour la plupart des pays du continent africain et particulièrement ceux de l’espace francophone, le défi est de quitter le champ culturel et historique de nos relations avec l’ancien colonisateur pour enfourcher le cheval du champ économique.

Malgré les investissements publics massifs, les investissements directs étrangers et les dettes, le Sénégal n’affiche pas la même forme économique que la plupart des pays du Commonwealth. Il est toujours enfermé dans son sous-développement. La crise est toujours derrière nous et rien ne se passe. Finalement la question qui s’impose est de savoir si le Sénégal doit toujours rester dans le modèle francophone ?

La tendance est que les pays non-anglophones sont en train de rejoindre le Commonwealth. Le Gabon est en passe de devenir le cinquième pays non-anglophone à rejoindre cette communauté économique, après le Mozambique en 1995 et le Rwanda de Paul Kagamé en 2009. La réussite économique fulgurante de ces pays est due à l’ouverture de nouveaux débouchés économiques vers l’Inde, le Singapour, le Brésil. Résultats des courses les pays du Commonwealth sont beaucoup plus dynamiques que les anciennes colonies françaises.

Ce qui avait fait dire, dès 2012, à l’ancien porte-parole de la présidence du Gabon, Alain-Claude Billie-By-Nze, que « Le Gabon veut se développer et s’offrir les meilleures opportunités. Quand vous sortez de l’espace francophone, si vous ne savez pas l’anglais vous êtes quasiment handicapé».

Qui avait renchéri : «Les scientifiques français font des publications en anglais, (…) alors que les Africains sont devenus pratiquement les seuls à intervenir en français. Si les français eux-mêmes vont vers l’anglais, pourquoi voudriez-vous que le Gabon se l’interdise ?» Et oui, les pays francophones sont lassés par l’attitude moralisatrice de la France.

Ce qui englue le Sénégal, c’est sa propension à toujours miser sur la politique, le culturel et ce paternalisme qui ne créent pas cette dynamique qui motive les populations, redonne du sens au travail, aux biens communs, à la relation aux ressources, à la terre, aux relations sociales et de travail.

Les intellectuels francophones ne sont pas des victimes pures et simples de la situation de pauvreté qui perdure dans leur pays, ce sont les complices actifs de leur propre anéantissement. Le système francophone prive les États qui y baignent des deux valeurs essentielles de la pensée : la lucidité et la liberté. Cette relation du Gabon, du Rwanda, du Sénégal, etc. avec la France n’a pas permis aux élites de ces pays de se projeter dans l’avenir, avec leurs peuples, en toute lucidité et en toute confiance. Elle a favorisé une corruption individuelle, puis organisationnelle avant de devenir institutionnelle : banalisée, endémique au sein du parti au pouvoir pour finir par être une composante du système lui-même.

Paul Kagamé du Rwanda l’a si bien compris que lorsqu’il répondait au discours de Macron lors de sa dernière visite au Rwanda, il a utilisé l’Anglais pour quelqu’un qui parle aussi bien la langue française. Ali Bongo, en bon observateur, a lorgné du côté de Kigali pour savoir que le cap pris n’était pas le bon. Il frappe aux portes du Commonwealth !

Il est temps de rebattre les cartes pour le Sénégal qui doit se battre, comme tous les autres pays respectés à travers le monde, afin de contrôler son économie, de garder le contrôle de ses secteurs considérés comme stratégiques et d’y dicter les règles du jeu.

Il est bien possible pour le Sénégal de «construire des politiques sectorielles diversifiées et compétitives», selon le professeur agrégé, Moustapha Kassé, dans son ouvrage «L’économie du Sénégal : les 5 défis d’un demi-siècle de croissance atone». Kassé soutient que nous avons besoin d’un «État promoteur, producteur, prospecteur et programmeur qui a porté l’émergence économique en Asie et en Amérique Latine.

Il est aujourd’hui certain que dans les pays du Commonwealth, le patriotisme économique et la préférence nationale ont un sens. Ils pratiquent le patriotisme économique mais n’en parlent pas trop. Contrairement au Sénégal et la plupart des pays de l’espace francophone !

24 heures (NDRL Titre de la Rédaction)

Momar Diack SECK
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