Prison de Guantanamo Moins d’un an au président Obama pour effacer cette tâche

« Il reste moins d’un an au président Obama pour effacer la tâche que représente Guantanamo sur sa postérité en matière de droits humains », a déclaré Laura Pitter. « Avec l’aide de pays comme le Sénégal, il pourrait finalement réaliser son objectif de fermer cette prison »

Les deux détenus réinstallés au Sénégal Salem Abdul Salem Ghereby, 55 ans, et Omar Khalif Mohammed Abu Baker Mahjour Umar, âgé d’environ 44 ans, sont deux des ressortissants libyens incarcérés pendant près de 14 ans au centre de détention de Guantanamo, en l’absence d’inculpation et de jugement, ce qui constitue une violation du droit international.

Retour sur certains jalons pour les droits de l’homme

En 2009, un groupe de travail inter-institutions a conclu que Ghereby ne posait pas une menace sécuritaire importante pour les États-Unis, ouvrant ainsi la voie à sa libération. Un autre organisme inter-institution, la Commission d’examen périodique, a innocenté Abu Bakr en 2015.

Les deux hommes étaient soupçonnés d’avoir rejoint, dans les années 1990, le Groupe libyen de lutte islamique, une organisation opposée au dictateur libyen d’alors, Mouammar Kadhafi. Des années après le début de la détention, le Groupe a donné naissance à deux factions, dont l’une se serait alignée sur des organisations terroristes internationales.

En janvier 2002, les États-Unis ont commencé de transférer au centre de Guantanamo des personnes appréhendées dans le cadre de la « guerre contre le terrorisme ». L’administration du président américain de l’époque, George W. Bush, a choisi la base navale américaine de Guantanamo Bay, à Cuba, pour y détenir des individus au-delà de la compétence des tribunaux américains. La Cour suprême des États-Unis a statué en 2008 que les détenus peuvent contester leur détention devant un tribunal fédéral américain.

Au deuxième jour de son premier mandat, en 2009, le président Barack Obama avait promis de fermer le centre de détention de Guantanamo dans un délai d’un an. Cet objectif s’est avéré impossible à atteindre en raison du manque d’engagement de son administration et de l’obstruction du Congrès.

Cependant, à l’approche de la fin de son second terme, celle-ci a manifesté une plus grande détermination à fermer le centre. Au cours des trois derniers mois, 18 détenus ont été libérés et, d’après les médias, une douzaine d’autres transferts sont prévus au cours des prochaines à venir.

Les freins du Congrès américain

Le Congrès empêche l’administration Obama de rapatrier les détenus de Guantanamo aux États-Unis pour quelque raison que ce soit – procès, détention ou réinstallation. Par conséquent, les seules options envisageables pour nombre d’entre eux sont le renvoi dans leur pays d’origine, ce qui s’avère souvent impossible en raison de l’instabilité qui y règne ou du risque de torture ou de persécution qu’ils encourent, ou d’être réinstallés dans des pays tiers.

Le soutien des pays partenaires

Il s’agit du deuxième transfert de détenus de Guantanamo dans un pays d’Afrique de l’Ouest au cours des derniers mois. Le Ghana a fait preuve d’une compassion et d’un engagement similaires en faveur des droits de l’homme en accueillant deux anciens prisonniers de Guantanamo en janvier 2016. Une vingtaine d’autres pays environ ont également réinstallé des détenus, notamment l’Allemagne, l’Uruguay, l’Irlande et la France.

Au total, 779 individus ont été détenus à Guantanamo Bay depuis janvier 2002, dont 676 environ libérés sans inculpation, beaucoup à l’issue de plusieurs années d’incarcération. Neuf d’entre eux sont morts en détention, six se seraient suicidés.

Il reste 89 détenus, dont 35 ont vu leur libération approuvée, tandis que 44 autres attendent la décision du Conseil d’examen périodique.

Sur les 10 détenus restants, sept font actuellement face à des accusations dans le cadre du système fondamentalement défaillant de la commission militaire et trois autres ont été condamnés.

La moitié des huit condamnations prononcées en commission ont été cassées.

Source Human Rights Watch

Michel DIEYE

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