Mozambique : la FAO a démarré la distribution de semences et d’outils indispensables dans ce pays très touché par le cyclone Idai

Les agriculteurs vivant dans les zones ravagées par le passage du cyclone tropical Idai au Mozambique commencent à recevoir les intrants agricoles dont ils ont tant besoin, grâce à l’effort conjoint de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Ministère de l’agriculture et de la sécurité alimentaire du Mozambique visant à aider les familles rurales sévèrement touchées à prendre une longueur d’avance sur la saison de croissance secondaire, qui est imminente.

Selon le communiqué de la FAO, pour commencer, ce seront 15 000 ménages vulnérables dans les provinces de Manica et de Sofala, soit environ 75 000 personnes, qui recevront des kits agricoles contenant des houes, des machettes et des graines de maïs et de haricots à maturation précoce. Une fois semées, ces graines seront prêtes à être récoltées au bout de 90 jours. La distribution de semences aura lieu parallèlement à la distribution de rations alimentaires par le Programme alimentaire mondial (PAM), ce qui permettra de dissuader les bénéficiaires de consommer les graines sur-le-champ au lieu de les planter.

Les agriculteurs de ces deux provinces produisent à eux seuls environ 25% de la production céréalière nationale, mais la quasi-totalité de leurs récoltes a été emportée par Idai. La plupart d’entre eux ont perdu la totalité ou une majeure partie de leurs réserves de semences, ainsi que les récoltes qu’ils étaient sur le point d’exploiter.

La distribution de kits agricoles organisée par la FAO permettra aux agriculteurs les plus démunis de Manica et de Sofala  de remettre leurs terres en culture pendant la campagne agricole secondaire en cours, pour laquelle les semis ont démarré en avril et les récoltes sont prévues en juillet.

«Il est essentiel de redynamiser les moyens d’existence et les marchés le plus rapidement possible pour aider les agriculteurs, les pêcheurs et les éleveurs à se remettre sur pied pour la saison de plantation principale, qui aura lieu à partir du mois d’octobre», a déclaré Olman Serrano, Représentant de la FAO au Mozambique. «La campagne de plantation secondaire, plus courte, a déjà  commencé, ce qui laisse une fenêtre d’opportunité de plus en plus étroite pour pouvoir semer les cultures à maturité précoce que distribue la FAO, telles que les haricots et le maïs. Celles-ci peuvent être récoltées environ 90 jours après plantation et contribuent en partie à combler le déficit de production engendré par les énormes pertes subies lors de la récolte principale», a-t-il ajouté.

Outre les denrées alimentaires, les ménages bénéficiaires pourront également produire leurs propres semences à planter en octobre, au moment où la principale campagne agricole du pays doit commencer. Il est très important de sauvegarder la principale campagne et de veiller à ce que les familles rurales puissent y participer pleinement de manière à pouvoir rétablir la sécurité alimentaire au Mozambique, un pays où le passage dévastateur du cyclone Idai a entraîné des pertes humaines et une destruction des moyens de subsistance. Les infrastructures de pêche, les magasins d’alimentation et de céréales, ainsi que le bétail ont été emportés et des centaines de milliers d’hectares de cultures ont été complètement détruits.

Les chocs s’enchainent, avec de graves conséquences

L’agriculture de subsistance est cruciale pour l‘économie et la sécurité alimentaire du Mozambique. En effet, plus de 80% de la population dépend de l’agriculture pour vivre et 99% d’entre eux sont de petits exploitants agricoles.

La région située au centre du Mozambique est le grenier à pain du pays et joue un rôle essentiel dans l’atténuation des pénuries alimentaires, tandis que la ville portuaire de Beira, située dans la province de Sofala, constitue le centre névralgique des échanges commerciaux. La dégradation des infrastructures du port de Beira et des liaisons de transport pourraient paralyser l’importation de céréales – environ 1 million de tonnes de blé et de riz sont importées chaque année dans le pays.

Avant le passage du cyclone Idai, les provinces touchées avaient déjà été frappées par plusieurs sécheresses et inondations au cours des trois dernières années. Par conséquent, elles se trouvaient déjà dans une situation d’insécurité alimentaire chronique et étaient extrêmement vulnérables aux chocs extérieurs. En décembre 2018, le Cadre intégré de classification de la sécurité alimentaire (IPC) estimait à 1,78 million le nombre de personnes en situation de crise ou d’insécurité alimentaire aigüe.

Que ce soit en raison du manque de nourriture brutal ou en raison de l’incapacité à produire, ce nombre risque d’augmenter de manière spectaculaire au cours des prochaines semaines et des prochains mois. Si l’ampleur des dégâts agricoles reste encore à déterminer, la FAO et le PAM procèdent déjà à une brève évaluation des besoins et à réalisation d’une cartographie des infrastructures et des moyens de production agricole et de la pêche en vue de façonner les plans de réponse du groupe de travail inter-agence Cluster sécurité alimentaire (FSC).

L’objectif étant de soutenir les activités liées à l’amélioration des moyens de subsistance, cette réponse comprendra non seulement la distribution de semences et d’outils, mais aussi la réparation des infrastructures rurales telles que les routes et le matériel d’irrigation, le lancement de campagnes de vaccination du bétail, l’augmentation de la production fourragère et la restauration ou le remplacement des bateaux et des équipements de pêche.

La FAO apportera également son soutien à la réalisation d’une nouvelle analyse de l’IPC, de manière à pouvoir prendre des décisions éclairées en vue de rétablir la production alimentaire et d’atténuer ce qui pourrait autrement être des retombées catastrophiques en matière de sécurité alimentaire et de nutrition au Mozambique.

Appel d’urgence de la FAO

La FAO a lancé un appel de fonds préliminaire de 19 millions de dollars afin de reconstruire les infrastructures stratégiques pour l’agriculture et la pêche, de relancer la production alimentaire locale et d’aider les éleveurs de bétail. A ce jour, 3,85 millions de dollars ont été alloués pour assurer une aide d’urgence à près de 95 000 personnes. Il reste à trouver le montant restant de 15,5 millions de dollars, soit 80% du montant total.

Oumou Khaïry NDIAYE
Up Next

Related Posts