La direction des Ressources humaines de l’Education nationale a donné, hier vendredi, son aval pour la sanction des deux enseignants du lycée Diouloulou de Ziguinchor. Ils s’étaient rendus coupables, entre autres, d’avoir violé le droit à l’éducation des élèves lors de la manifestation contre le procès de Ousmane Sonko, mardi dernier.
Ils ont beau avoir fait acte de contrition, l’Education nationale ne veut rien savoir. Abdoulaye Diatta, professeur de philosophie et Cornet Lambal, professeur de lettres modernes, écoperont donc de sanctions disciplinaires, dont le moindre degré sera la suspension de fonction.
C’est ce qui ressort de la note technique faite par la direction des ressources humaines à l’endroit du ministre de l’Education nationale qui devrait acter cette décision dans les jours à venir, au vu de la diligence accordée à cette affaire. En marge des manifestations et des violences contre le procès de Ousmane Sonko pour «viols répétés» sur la masseuse Adji Sarr le mardi 16 mai, les deux professeurs avaient engagé leur responsabilité en perturbant le bon déroulé des enseignements du lycée Diouloulou de Ziguinchor.
«D’après le proviseur, ces derniers ont pris la décision sur eux d’aller de classe en classe déloger les élèves parce que, disent-ils, le pays va mal», détaille le rapport de l’Inspection d’académie (Ia) qui situe le moment de leurs agissements à 9h 15mn. Ce rapport, établi deux jours après les faits, a été étayé par ceux rédigés les 16 et 17 par le proviseur du lycée portant sur les circonstances du délogement des élèves et sur la repentance des professeurs impliqués. Saisis d’une demande d’explication, Abdoulaye Diatta et Cornet Lambal auraient, selon la tutelle, avoué leur faute tout en se défendant de tout acte politique lors de ces manifestations qui ont fait deux morts dans la région. «Ils ont fait leur mea culpa et ont juré de ne plus s’embourber dans une si délicate besogne», rappelle le rapport de l’Inspection d’académie de Ziguinchor.
Les deux enseignants ont beau avoir expliqué leurs gestes par le besoin de «sécuriser la vie de leurs élèves»,l’autorité ne s’est pas laissée attendrir. Poursuivis pour quatre chefs d’accusation, les deux professeurs écoperont d’au moins 4 mois de suspension, si le ministère décide de suivre les conclusions des ressources humaines.
«Ils ont fait leur mea culpa et juré de ne plus s’embourber dans une si délicate besogne»
Bien que repentants, les professeurs de philosophie et lettres modernes n’ont pas réussi à convaincre la hiérarchie à faire l’impasse sur leurs agissements .Après avoir qualifié les faits de «faute grave», les ressources humaines ont fortement recommandé au ministre d’engager des sanctions sur la base du viol de quatre règles professionnelles.«Ils ont au moins violé le droit à l’éducation des élèves garanti par l’Article 8 de la Constitution, rompu la continuité du service public d’éducation, failli aux obligations de réserve, de neutralité, de discrétion professionnelle et mis en danger la vie des élèves en les mettant dans la rue en dehors de l’heure normale de descente». Pour servir d’exemple à toute la profession, le Drh a conseillé la suspension de fonction afin de permettre d’écarter les deux enseignants en attendant l’issue d’une procéduredisciplinairedansundélaidequatremois.Enclair,AbdoulayeDiatta et Cornet Lambal devraient rester loin des salles de classe, en attendant une décision définitive du conseil de discipline qui visera clairement la révocation.
L’Obs