Suite et non fin de la manifestation finalement non tenue le 31 décembre 2024 des féministes qui entendaient dénoncer en toute nudité pour lutter contre la culture du viol et pour l’application du protocole de Maputo. Initiateur d’une plainte auprès du procureur, Mame Mactar Guèye a annoncé, hier, que le maître des poursuites a donné une suite à leur saisine sur la base des articles 317 et 318 sur l’attentat à la pudeur et l’outrage public aux bonnes mœurs.
«Voilà, le procureur de la République a donc fait son travail. Il a imputé le dossier à la Brigade des mœurs qui démarrera les auditions le 14 janvier 2025», a révélé Mame Mactar Guèye qui argumente contre ceux qui estiment que le procureur n’avait pas à agir vu que la manifestation ne s’est pas finalement tenue après l’interdiction du Préfet de Dakar.
«Certains nous ont argué qu’elles ne sont pas passées à l’acte dans la mesure où le préfet de Dakar a interdit la marche. Alors je leur dis que ce n’est pas une raison pour que la justice ne fasse pas son travail. N’oubliez pas que la notion d’appel à l’insurrection concerne uniquement l’intention. Alors et vous voulez quoi ? Que la justice attende que celui qui a proféré cette menace d’appel à l’insurrection passe à l’acte pour agir ? Non, parce que la justice n’a pas pour vocation de jouer au rôle hypocrite du médecin après la mort. Donc ces filles-là, dès l’instant qu’elles ont dit qu’elles en appelaient à une marche en étant toutes nues ‘taatu neeen’, eh bien c’est un appel au nudisme et par conséquent l’infraction elle est déjà consommée».
Mame Mactar Guèye souligne «la chance de vivre dans un pays qui a non seulement consacré la liberté d’expression, mais l’a même constitutionnalisé. C’était sous le magistère du Président Abdoulaye Wade. Effectivement, notre constitution, en son article 10, est très claire en disant que chaque citoyen a le droit d’exprimer ses opinions par la parole, par la pensée, par la plume, par l’image et par la marche pacifique».
Mais, précise-t-il, «pourvu que cela ne porte atteinte à l’honorabilité d’autrui et à l’ordre public». Vu sous cet angle, il indique que «par conséquent, les mouvements féministes ont parfaitement le droit d’exprimer leurs opinions. Seulement, JAMRA n’a pas été seule à avoir été choquée en apprenant la manière dont cette manifestation était annoncée par les mouvements féministes. Effectivement, il y a eu un flyer qui a provoqué une vague d’indignation dans les réseaux sociaux. Pour la bonne et simple raison que ces femmes ont appelé à cette manifestation en arguant qu’elles veulent qu’on leur foute la paix. Ne s’arrêtant pas en si bon chemin, elles ajoutent que le 31 décembre, elles appellent toutes les filles, toutes les femmes à venir à cette manifestation à la condition d’être toutes nues. Elles ont même pris soin d’enfoncer le clou en ajoutant, entre parenthèses ‘taatu neen’».
Mame Mactar Guèye n’en estime pas moins que «quelle que soit la légitimité de la revendication, dès l’instant qu’elle est formulée par des propos aussi discourtois, qui n’ont absolument rien à voir avec la tradition de pudeur généralement attribuée à la femme sénégalaise. Cela a fait que beaucoup de personnes qui étaient tentées même de nourrir une certaine sympathie à leur mouvement ont eu un sentiment de dégoût et de rejet. Alors JAMRA ne s’en est pas limitée à cela». Soulignant que «nous sommes dans un état de droit et que l’espace public nous appartient à tous».
M Guèye indique que «par conséquent, comme le dit le vieux proverbe, votre liberté s’arrête là où commence celle des autres. Mais personne n’a le droit de dire que je vais exprimer sur la place publique mes préoccupations de la manière qu’il me plaît et tant pis pour ce que les gens pourront ressentir».
Source Vox populi