Mamadou Lamine Diallo de Tekki : «Le monde rural est angoissé»

Dans sa ‘’questekki’’ rendue publique hier, Mamadou Lamine Diallo, président du mouvement Tekki et député dans la treizième législature est formel : «partout dans le monde rural, la doléance est unanime, le sac d’engrais est introuvable et quand on le voit, il faut débourser 25 000 francs.»

Or, dit-il, «c’est connu depuis longtemps, il suffit de broyer les phosphates de Matam pour obtenir de l’engrais. Comment comprendre qu’on lance la production des phosphates de Matam et que l’engrais est si cher pour les paysans à tel point que c’est l’angoisse partout ? C’est un paradoxe.»

A l’en croire, «l’exploitation des mines doit avoir pour objectif la transformation industrielle locale. Sinon, il faut laisser les ressources minérales aux générations futures.»

Évidemment, juge-t-il, «Benno Bokk Yaakaar n’est pas d’accord pour l’industrialisation du pays. Benno pense qu’il lui suffit de construire des infrastructures confiées à des compagnies étrangères et financées par l’endettement.»

Poursuivant, le président du mouvement Tekki de défendre que «la contrepartie pour les prêteurs étrangers, c’est de demander l’exploitation et l’exportation des ressources minières. Le deal est le partage de la rente minière entre les compagnies étrangères et les chefs politiques et accessoirement l’Etat, afin de lui permettre de faire face à une partie de la dette.»

Une occasion pour dire que «le résultat économique est forcément la montée des inégalités, 95% des familles sont dans la pauvreté et la précarité et 5% dans la classe moyenne, avec l’aide de la diaspora.» Arguant que «la pauvreté n’est pas une fatalité», pour M. Diallo, «il suffit de passer à l’industrialisation par la transformation locale de nos ressources naturelles, en assurant l’autosuffisance alimentaire en riz, sucre et huile pour commencer.»

«Sabotage de l’industrie nationale par Macky Sall» Sur la même lancée, il signale que le Sénégal fait face à un sabotage de l’industrie nationale par Macky Sall. «Un compatriote m’a interpellé à Thiès dans cette campagne électorale sur la situation de la NSTS, l’une des seules unités textiles du pays. Financée à coup de milliards par le régime de Macky Sall, l’usine censée faire de la filature en est réduite à la confection avec une cinquantaine de travailleurs. Évidemment, ce n’est pas sérieux, comme la gouvernance de l’industrialisation confiée au comédien Moustapha Diop, soit- disant maire de Louga. Louga abritait une unité textile disparue aujourd’hui, la Sotexka.»

Le leader de Tekki d’ajouter : «à Kolda, il n’y a aucune usine et conduire une moto Jakarta est le seul job pour les jeunes». Mamadou Lamine Diallo d’enchainer en disant ceci : «Il est temps de s’occuper de l’industrialisation de notre pays. Elle ne se donne pas gratuitement dans les relations internationales. Ce n’est pas la coopération internationale qui conduit à l’industrialisation. Le Président de la toute puissante Chine a décrété que l’Afrique est dans une période de pré-industrialisation. Elle doit se concentrer sur les infrastructures.»

A l’en croire, Benno «reprend ce point de vue sans réfléchir, bien entendu», car pour les tenants du pouvoir, «la construction d’infrastructures est le moyen le plus rapide de s’enrichir et de constituer un capital immobilier au Sénégal et en Occident, en passant par le Maroc et Dubaï. Cette accumulation de capital est plus rapide que celle de la traite des esclaves du commerce triangulaire », déplore Mamadou Lamine Diallo.

Le Vrai Journal

Dieyna SENE
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