« La grande problématique est qu’il faut que nous dépassions l’ordre dans lequel nous sommes installés depuis les périodes coloniales. J’ai le sentiment que les élites africaines se sont confortablement installées dans cette situation ».
Cette déclaration est celle de l’ancien ministre de la Justice et médiateur de la République, Serigne Diop. Il s’exprimait hier lors du cours inaugural de la session 2021-2022 du master Défense, sécurité et paix du Centre des hautes études de défense et de sécurité (CHEDS).
Depuis l’accession à l’indépendance des pays africains, force est de constater que les Etats-nations hérités de la colonisation peinent à se remettre sur les rails du développement et à se redéployer.
La pauvreté, les guerres, les maladies et la famine hantent le quotidien des populations au grand mépris des élites, ou du moins des dirigeants, qui camouflent des milliards de dollars dans des paradis fiscaux extracontinentaux et qui vivent dans le plus grand luxe. A cela s’ajoute la corruption qui est presque devenue une règle au même titre que les contrats léonins qui sont monnaie courante dans la sphère décisionnelle du continent.
A priori, c’est cette réalité scandaleuse qui a poussé l’ancien ministre et médiateur de la République, Serigne Diop, a monté au créneau hier, en vue de préconiser des solutions à ces tares. Selon lui, « la grande problématique est qu’il faut que nous dépassions l’ordre dans lequel nous sommes installés depuis les périodes coloniales. J’ai le sentiment que les élites africaines se sont confortablement installées dans cette situation. Le système a fait de telle sorte que les intellectuels se sentent en confort ».
Il a tenu ces propos pendant qu’il animait le cours inaugural de la session 2021-2022 du master Défense, sécurité et paix du Centre des hautes études de défense et de sécurité (CHEDS). A préciser que ce cours inaugural était axé sur le thème : « L’État : de la théorie à la réalité au Sahel ». Cette situation dans laquelle sont installées les élites africaines aujourd’hui est lourde de menaces, car porteuse d’instabilité, a prévenu l’ancien garde des Sceaux, ministre de la Justice sous Abdoulaye Wade entre 2000 et 2012.
Ainsi, il a appelé les Africains à redéfinir l’ordre établi. « Les Africains doivent avoir le courage de reconsidérer l’ordre établi », a-t-il soutenu. Cet ordre « n’est pas le propre du contient », car « ne permettant pas de réaliser les projets et programmes voulus pour les populations », a expliqué Serigne Diop dans la foulée.
Il faut signaler par ailleurs que cette déclaration de M. Diop intervient dans un moment très délicat où beaucoup de voix s’élèvent, principalement dans la jeunesse africaine, pour dénoncer à la fois la mal gouvernance et l’impérialisme. Cette soif de développement explique en partie les coups d’Etat enregistrés ces derniers temps dans nombre de pays du continent, notamment au Soudan, en Guinée-Conakry et au Mali. Tout compte fait, la question est de savoir si les élites africaines ont bien mesuré l’ampleur de la hargne qui bouillonne chez cette nouvelle génération éprise de changement positif ?
Le Mandat