Un détenu britannique a réussi à s’échapper de la prison de Wandsworth, dans le sud de Londres, une des plus sécurisées de la Grande-Bretagne… à l’aide d’un simple e-mail. Neil Moore, 28 ans, a convaincu ses gardiens qu’il avait obtenu une remise en liberté, comme l’a repéré Rue89.
Il monte son escroquerie au printemps 2014, réussissant tout d’abord à se procurer un téléphone portable introduit illégalement dans la prison. Le détenu crée ensuite une adresse e-mail qui imite celle de l’administration pénitentiaire et un site internet offshore pour rendre la fraude plus crédible.
Neil Moore n’hésite pas à utiliser le nom d’un agent de Scotland Yard pour créer le domaine. Seuls bémols qui ont échappé aux agents pénitentiaires : l’adresse mail comportait des tirets et non des points, et Moore avait mal épelé le nom du tribunal de Southwark, remplaçant le « r » par un « l ».
Pendant les trois jours qu’il passe dehors, le détenu tente d’obtenir des faux papiers pour fuir le Royaume-Uni. Mais il renonce et décide de se rendre.
« Cette affaire relève d’une inventivité criminelle remarquable, sournoise et créative », a déclaré le procureur Ian Paton. Neil Moore était en détention provisoire pour une escroquerie de près de 2,5 millions d’euros (1,8 million de livres).
Il se faisait passer pour un employé du service anti-fraudes de banques comme Barclays ou Bank of America pour arnaquer des entreprises britanniques ou américaines. La fraude a duré de février 2012 à novembre 2013. Au téléphone, Neil Moore se faisait parfois passer pour une femme. Le jeune homme piégeait ses victimes en leur faisant croire que leurs comptes avaient été piratés. Il en profitait alors pour leur demander leurs coordonnées bancaires.
Un véritable traumatisme pour ses victimes. Bien que leur argent leur ait été restitué, elles ont eu des difficultés à collaborer avec les enquêteurs. Elles craignaient une nouvelle tentative d’escroquerie, raconte « The Telegraph ».
Neil Moore est le premier à s’évader de la prison de Wandsworth depuis le célèbre bandit anglais Ronnie Biggs en 1965. Cet établissement pénitentiaire est classé dans la catégorie B par les autorités britanniques. Cela signifie qu’il accueille des détenus ne nécessitant pas une surveillance maximale, mais qui représentent tout de même un risque d’évasion. Ronnie Biggs avait participé à la spectaculaire attaque du train postal Glasgow-Londres du 8 août 1963, l’un des plus grands casses qu’a connu le Royaume-Uni.
Neil Moore risque de voir sa peine alourdie de plusieurs années de prison. Il s’est déclaré coupable d’évasion et de huit chefs d’accusation de fraude.