La relance économique sur une vague d’incertitudes (Par Abdou Diaw, Journaliste économique)

Cela fait juste un an que le coronavirus a fait son apparition à Wuhan, en Chine. Au moment où le monde s’apprêtait à fêter l’an1 de l’apparition de ce redoutable virus, il est noté presque partout une recrudescence des cas, avec des bilans beaucoup plus macabres.

Cette résurgence, que certains qualifient de seconde vague, laisse transparaître un avenir incertain pour les économies, notamment celles africaines. Au Sénégal, le retour brusque, ces derniers jours, des cas de contaminations, survient dans un contexte où l’État commençait à dérouler sa stratégie de relance dénommée Plan d’actions prioritaires (Pap2) ajusté et accéléré.

Conséquence, la peur s’installe à nouveau chez la population ; l’angoisse s’empare des chefs d’entreprises et de leurs employés. Le gouvernement, préoccupé par un nouvel envol économique, est pris à partie. Le spectre d’un futur hypothétique pour l’économie se profile à l’horizon.

Deux questions reviennent souvent dans les débats. Faudrait-il vraiment reconduire les mêmes mesures de lutte prises lors de la première vague ? Notre économie est-elle préparée pour faire face à un retour des mesures de restriction ? Ce sont autant d’interrogations qui triturent les méninges de certains citoyens si l’on sait que notre pays est sorti d’une situation qui, il faut le rappeler, a laissé des séquelles : menace de fermeture d’usines et d’établissements hôteliers, chômage forcé, baisse de salaires…

Les stigmates sont plus que jamais visibles. Évitons de nous voiler la face. Les dégâts collatéraux, au plan socioéconomique, résultant de l’application d’une série de mesures relatives notamment à l’instauration du couvre-feu, aux restrictions dans le secteur des transports, à l’interdiction de rassemblement, constituent autant d’indices qui prouvent à suffisance que notre économie aura du mal à supporter à nouveau de telles restrictions.

De même, l’État qui a déjà subi une très forte hémorragie financière en raison des faveurs fiscales et douanières accordées aux entreprises et du renoncement à certaines ressources, éprouvera d’énormes difficultés pour supporter encore un si lourd fardeau. Et l’on est tenté de se demander si le gouvernement s’aventurera à instituer un Programme de résilience économique et sociale (Pres, Bis).

Il faudrait alors beaucoup d’ingéniosité aux experts de la galaxie de l’argentier de l’État pour scruter les mécanismes qui permettront de mobiliser des fonds supplémentaires à même de contenir les effets de ce qui est appelé «seconde vague» de la Covid-19. Si l’on sait que le gouvernement a dû activer tous ses leviers pour abonder à 1000 milliards de FCfa le Fonds Force-Covid.

Cette résurgence de la pandémie est d’autant plus préoccupante pour l’avenir de notre économie qu’elle intervient dans un contexte où les ministres défendent leurs projets de budget à l’Assemblée nationale. L’absence de visibilité sur la durée de cet effroyable retour de la maladie et de la non-maîtrise de ses conséquences risque de mettre en sursis les projets d’investissements prévus en 2021.

La reprise à un rythme exponentiel des cas de contaminations vient également remettre en cause les ambitions de l’État d’assurer une relance de l’économie nationale à travers le Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré (Pap2A). Situation oblige, les tendances actuelles, empreintes d’incertitudes et d’interrogations, pousseront, à coup sûr, les services de l’État en charge de la prévision et de la statistique à revoir leurs projections de croissance en intégrant cette nouvelle donne. S’ils ne l’ont pas déjà fait d’ailleurs.

Près de deux mois après le lancement du Plan d’actions prioritaires ajusté et accéléré pour la relance l’économie, l’atteinte d’un objectif de croissance de 5,2% en 2021 reste suspendue à une embellie de la situation sanitaire. Le challenge de l’État dans cette seconde vague est de réfléchir sur des mesures intelligentes permettant, d’une part, de préserver la santé de la population et, d’autre part, de laisser l’activité économique suivre son cours normal. Cela engage la responsabilité de tout citoyen. Aujourd’hui, chacun de nous doit mesurer la dangerosité de la situation et faire de sorte que l’État ne puisse pas nécessairement recourir au couvre-feu qui, du reste, serait fortement dommageable à l’économie nationale.

 

Abdou Diaw,

Journaliste économique

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